L’installation d’un nouveau curé dans une grande paroisse mobilise l’archevêque de Rennes et les maires de la paroisse de campagne et remplit la cathédrale de Dol-de-Bretagne, pas loin de Saint-Malo. La messe dans l’église bien remplie de la paroisse Saint-Michel-en-Baie dans la petite ville de Pleine-Fougères mobilise le maire qui accueille officiellement le nouveau curé avec un discours devant l’autel. Et pourtant, le rôle du catholicisme en France se réduit de plus en plus depuis 119 ans. La France a repoussé la religion chrétienne dans la vie privée. On célèbre une messe lors de la mort de François Mitterrand et de Johnny Haliday, mais l’Etat repousse le catholicisme.
Où dans d’autres pays comme l’Allemagne les églises catholiques et protestantes sont devenues les partenaires de l’Etat et tiennent un rôle important dans la société civile, la France a choisi une séparation totale. La conséquence : le nombre des croyants baisse, le nombre des prêtres baisse et villes et villages croulent sous les frais de maintenance des bâtiments dont ils ont “hérité” par expropriations. Il fut un temps où la France était considérée comme « la fille de l’église ». Ce n’est plus vrai aujourd’hui. Où est l’origine de ce développement? Retournons en l’an 1905 et jetons un coup d’œil sur une loi qui installe la séparation entre l’église et l’Etat en France. Une situation qui – dans sa radicalité – est unique dans le monde.
Le contenu de la loi :
- le budget des cultes est supprimé, à l’exception de ceux relatifs aux aumôneries des lycées, des hospices, des prisons, etc. Les aumôneries sont autorisées à permettre le libre exercice des cultes dans les lieux publics fermés ;
- les établissements publics du culte, jusque-là chargés de leur gestion sont remplacés par des associations cultuelles, créées par la loi. Ces associations doivent avoir pour unique objet l’exercice d’un culte. Elles ne peuvent pas recevoir de subventions publiques. Leurs ressources doivent provenir de l’argent des cotisations d’adhésion, des quêtes et des collectes pour l’exercice du culte. L’Église catholique refuse toutefois de constituer ces associations, qui ne reconnaissent pas l’autorité de l’évêque. En 1923, un compromis est trouvé et des associations diocésaines, placées sous la présidence des évêques, sont constituées ;
- Restent propriétés de l’État, des départements ou des communes, les édifices religieux qu’ils possédaient avant la loi (notamment ceux nationalisés en 1789). Les édifices religieux qui appartiennent aux établissements publics du culte sont, pour leur part, attribués aux associations cultuelles. Toutefois, devant le refus de l’Église catholique de créer de telles associations, une loi de 1907 prévoit que tous les édifices catholiques deviennent propriété publique. Ils sont mis à la disposition des fidèles et des ministres du culte. Quant aux édifices postérieurs à la loi de 1905, ils sont la propriété des associations cultuelles ou diocésaines qui les ont construits.
La loi met en place un certain nombre de règles permettant d’encadrer les manifestations religieuses dans l’espace public :
- elle proscrit la tenue de réunions politiques dans les locaux cultuels.
- les cérémonies et manifestations religieuses à l’extérieur sont soumises à déclaration préalable (la déclaration se fait auprès du maire ou du préfet à Paris) ;
- la loi interdit également “d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit”, sauf dans les cimetières et les musées.
Le pape Pie X a résilié le concordat suite à la loi de 1905. Puisque le concordat entre le Saint-Siège et l’Allemagne inclut l’Alsace, la loi n’est que partiellement valable en Alsace.
Le film
Pierre Santini dans le rôle de Maurice Allard. Allard prône la “déchristianisation de la France” photo : screenshot LCP
Lors des 100 ans de la loi de 2005, la télévision française a présenté un documentaire intitulé « Séparation ». Réalisé par François Hanss dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, ce film met en scène le débat de l’époque. Le président de l’Assemblée en 2005, Jean-Louis Debré, avait donné une autorisation exceptionnelle pour le tournage dans l’hémicycle qui avait vu ces débats 100 ans plus tôt. Le film de 80 minutes documente dix mois de discussions acerbes caractérisées par une très forte répulsion, même une hostilité envers l’église catholique. Le document vit par des acteurs de grande qualité comme Michael Lonsdale (Paul Doumer, président de la chambre en 1905), Claude Riche (l’abbé Gayraud, qui siège en soutane), Jean-Claude Drouot (Jean Jaurès), Pierre Arditi (Aristide Briand), ou Pierre Santini (Maurice Allard). Impressionant ce monologue de Santini dans le rôle de Maurice Allard avec cette phrase: “Je veux que la France se déchristianise.” L’archevêque de Rennes lui répond 119 ans plus tard: “La France est un pays catholique”. Le film impressionne par les dialogues pointus, par la façon de parler et de déclamer les arguments. C’est un document extraordinaire de l’histoire de la culture parlementaire française. On peut le regarder et décharger sur Youtube et sur Daylimotion.
Le dimanche 15 septembre s’est déroulée la messe d’installation du nouveau vicaire de Pleine-Fougères en présence du Père Hermann, curé de la paroisse Saint-Michel de la Baie. Le Père Romaric arrive de la Côte d’Ivoire et possède une formation littéraire mais aussi en chants sacrés. Il est affecté à Pleine-Fougères. Sur la photo, de gauche à droite: le Père Hermann, le maire Louis Thébault et le Père Romaric.
La loi de 1905 exproprie de facto l’église catholique. 119 ans plus tard cette expropriation met les communes devant des problèmes qu’ils ne peuvent plus résoudre. La petite commune de Sains avec 490 habitants devrait débourser 2,2 millions d’Euros pour rénover son église. La ville de Pontorson est propriétaire de neuf églises. Impossible de les rénover toutes en même temps. Le village de Huisnes-sur-mer a dû débourser un montant à six chiffres pour arranger les extérieurs. Et puisque la loi exclut des subventions. . .
Le contenu de la loi :
- le budget des cultes est supprimé, à l’exception de ceux relatifs aux aumôneries des lycées, des hospices, des prisons, etc. Les aumôneries sont autorisées à permettre le libre exercice des cultes dans les lieux publics fermés ;
- les établissements publics du culte, jusque-là chargés de leur gestion sont remplacés par des associations cultuelles, créées par la loi. Ces associations doivent avoir pour unique objet l’exercice d’un culte. Elles ne peuvent pas recevoir de subventions publiques. Leurs ressources doivent provenir de l’argent des cotisations d’adhésion, des quêtes et des collectes pour l’exercice du culte. L’Église catholique refuse toutefois de constituer ces associations, qui ne reconnaissent pas l’autorité de l’évêque. En 1923, un compromis est trouvé et des associations diocésaines, placées sous la présidence des évêques, sont constituées ;
- Restent propriétés de l’État, des départements ou des communes, les édifices religieux qu’ils possédaient avant la loi (notamment ceux nationalisés en 1789). Les édifices religieux qui appartiennent aux établissements publics du culte sont, pour leur part, attribués aux associations cultuelles. Toutefois, devant le refus de l’Église catholique de créer de telles associations, une loi de 1907 prévoit que tous les édifices catholiques deviennent propriété publique. Ils sont mis à la disposition des fidèles et des ministres du culte. Quant aux édifices postérieurs à la loi de 1905, ils sont la propriété des associations cultuelles ou diocésaines qui les ont construits.
Le contenu de la loi :
- le budget des cultes est supprimé, à l’exception de ceux relatifs aux aumôneries des lycées, des hospices, des prisons, etc. Les aumôneries sont autorisées à permettre le libre exercice des cultes dans les lieux publics fermés ;
- les établissements publics du culte, jusque-là chargés de leur gestion sont remplacés par des associations cultuelles, créées par la loi. Ces associations doivent avoir pour unique objet l’exercice d’un culte. Elles ne peuvent pas recevoir de subventions publiques. Leurs ressources doivent provenir de l’argent des cotisations d’adhésion, des quêtes et des collectes pour l’exercice du culte. L’Église catholique refuse toutefois de constituer ces associations, qui ne reconnaissent pas l’autorité de l’évêque. En 1923, un compromis est trouvé et des associations diocésaines, placées sous la présidence des évêques, sont constituées ;
- Restent propriétés de l’État, des départements ou des communes, les édifices religieux qu’ils possédaient avant la loi (notamment ceux nationalisés en 1789). Les édifices religieux qui appartiennent aux établissements publics du culte sont, pour leur part, attribués aux associations cultuelles. Toutefois, devant le refus de l’Église catholique de créer de telles associations, une loi de 1907 prévoit que tous les édifices catholiques deviennent propriété publique. Ils sont mis à la disposition des fidèles et des ministres du culte. Quant aux édifices postérieurs à la loi de 1905, ils sont la propriété des associations cultuelles ou diocésaines qui les ont construits.
Le maire de Sains, Nicolas Bathelier: « La communauté des chrétiens dans notre village diminue. Elle est déjà très petite. Nous avons une messe à peu près tous les six mois. Mais personne ne veut se passer de l’église. Ce sont des bâtiments structurants pour les villages et les villes». Le maire de Pontorson exclut de désacraliser ses neuf églises comme cela se fait dans d’autres régions de France. Leur entretien est devenu une ligne constante dans le budget de la commune.
« Déchristianiser la France » était le but de Maurice Allard en 1905. La loi, qui a 119 ans, est une loi contre l’église catholique. Mais ceci mène au fait que la France – le pays des droits de l’homme – perd le sens du devoir de l’homme, le respect des hommes et sa dorsale morale. On remplace les vertus du christianisme par la culture de la discipline et on s’étonne que cela ne marche pas.
La laïcité, telle que l’Etat français la décrit aujourd’hui, se heurte en plus aux principes d’une autre religion, l’Islam. C’est une religion dont la charia n’est pas seulement un code pénal mais aussi un code civil. C’est une religion qui se heurte à la vie occidentale, qui n’est pas compatible avec la loi de 1905 et qui met en question la laïcité telle qu’elle est vécue par l’église catholique et l’Etat français. L’Islam couvre la vie toute entière. Il prescrit en détail comment on doit vivre pour plaire à Allah. La politique française qui rejette la religion dans la vie privée n’est pas compatible avec l’Islam. D’autant plus que certains principes de l’Islam sont contraires à la constitution française qui prône par exemple l’égalité entre hommes et femmes. La loi de 1905 ne résout pas les problèmes avec l’Islam et la France d’aujourd’hui. La France n’a pas trouvé de solutions pour ce conflit.
Pouquoi un pays a-t-il besoin des Abbés ou des Rabbis ou des Imams ? Lorsque la ville de Dijon a connu de lourds problèmes entre les jeunes et la police, c’était l’Imam qui a calmé la situation en discutant avec les jeunes. Il ya des moments où il faut l’autorité d’un religieux pour résoudre des situations difficiles. L’Etat, c’est la discipline, l’ordre, le pouvoir. Les religieux représentent l’autorité morale et humaine.