Nous nous retrouvons avec café et des petits gâteaux à la pâte d’amande dans le salon de l’auteur. Grand-mère de petits enfants de 5 et 11 ans, Dominique Bretteville les a emmenés. Ce sont les vacances de la Toussaint. Et quand on est mamie . . .
Dominique Bretteville est une femme modeste, retenue. Elle préfère l’ombre. Elle ne veut pas de difficultés, ne souhaite pas être au milieu d’un évènement. Elle ne souhaite pas se présenter. Et pourtant, c’est ce qui lui arrive actuellement. On peut voir ses œuvres affiches en grand au centre ville de Pleine-Fougères. Et plus encore : ce samedi et ce dimanche 02 et 03 nombre 2024, elle est l’invitée spéciale de Plein’Art, l’exposition qui a toujours lieu le premier weekend de novembre pendant un weekend. L’occasion de choisir déjà un cadeau d’art pour Noël.
La femme est émue d’être tellement mise à l’honneur : « J’ai préparé quelques mots pour l’ouverture, mais je vais sûrement pleurer ». C’est Dominique Bretteville comme on la connait. « J’ai 70 ans. Je ne veux pas de conflit. Je veux m’entendre avec des gens. Je veux vivre calmement. « Quand on rencontre Dominique Bretteville pour la première fois, on a l’impression d’une timide, retenue, qui préfère plutôt ne rien dire et qui sourit légèrement. Et pourtant : aujourd’hui elle est connu dans la Baie du Mont Saint Michel.
Mais la Normande, née à 28 kilomètres de Rouen, a eu une autre vie. « J’ai vécu pendant 30 ans à Paris, dans le quartier de Malakoff. « Elle y a tenu une maison de la presse. « J’ai toujours été sans équivoque avec les surteout avec les jeunes sis disants difficile. Je n’ai jamais eu des difficultés. Ils me respectaient. Sans équivopque aussi envers la police : « lorsqu’on a plaqué un jeune contre la vitrine de mon magasin, j’ai expliqué à la police de le faire ailleurs, mais contre la vitrine de mon magasin. Et lorsque un policier dans mon magasin s’était trompé de ton je le lui avais fait remarquer ». On l’aimait dans ce quartier. Et vraisemblablement elle y serait toujours s’il n’y avait eu un jour un supermarché en face de son magasin avec les mêmes produits. « Ce fut la fin de mon magasin. « Reste néanmoins qu’elle était devenue le bon ange d’une jeunesse qui se sentait abandonnée, une sorte d’assistante sociale, aimée par les gens. « S’il m’arrive de retourner pour une visite à Paris, ils me connaissent toujours ».
A Malakoff on vit l’autre face d’une femme qui se caractérise aujourd’hui surtout par sa gentillesse et sa retenue. Un visage qu’a connu aussi le président de l’agglomération, David Nicolas. Lorsque Dominique Bretteville lui fait savoir qu’il a été convenu que les Pontorsonnais auraient accès au Mont sans rien payer, il refuse cette idée. Seulement, son conjoint de l’époque est adjoint au maire et elle sait de quoi elle parle. « Je lui ai montré la convention. Il n’a jamais répondu ». Dominique Bretteville a perdu son conjoint trop tôt par sa mort. Une perte, une blessure, qui ne s’est toujours pas cicatrisée. Elle parle souvent de lui.
Après 30 ans à Paris elle est rentrée dans sa Normandie native. Mais ce n’est pas la Normandie imprégnée par la Seine ou par la couronne Rouennaise. Ce sera la Baie du Mont Saint-Michel. « Nous avons passé deux fois les vacances à Ardevon et j’ai très aimé ces terres. C’est un pays calme, paisible, caractérisé par la mer, par l’agriculture, par les bovins et les moutons. Je me suis sentie tout de suite à l’aise. » Dominique, qui a toujours aimé faire des photos, est devenue la photographe de la Baie, de la Merveille . . . et des moutons. « Dés le début j’ai aimé ces animaux, il m’arrive de les caresser. Une atmosphère qui se fait sentir dans beaucoup de ses photos. « Deux des trois motifs sur les affiches à l’entrée de la ville viennent de moi. »
Mais sa vraie passion est la peinture. Elle la réalise tard. « J’ai toujours voulu peindre. En tant qu’enfant j’avais déjà cette envie. » Mais c’est d’abord la famille avec trois fils, ensuite le magasin, ensuite la photographie et maintenant enfin la peinture. « J’ai pris des cours à St. James avant vraiment de me lancer. » Et elle avoue qu’à son âge on peut se lâcher. « Je peins dans des styles très différents, c’est la peinture naïve aussi bien qu’abstraite. «
Si ces grandes affiches à Pleine-Fougères l’ont très touchée, ce n’est quand même pas la première fois qu’elle présente ces œuvres dans l’espace public. La ville de Pontorson a mis ses photos au mur dans la rue de Tanis. Mais pour Dominique Brette ville qui, à l’âge de 70 ans lutte contre un cancer du poumon et en parle ouvertement, c’est quand même autre chose. « Je n’aurais pas cru que cela aurait un tel effet sur moi. »
La femme qui s’est très vite intégrée dans le pays, qui fait partie de nombreuses associations et y travaille, qui fait partie de la société civile des deux côtés du Couesnon, est ensuite étonnée de vendre des tableaux. « Il ne faut pas s’attendre à de la perfection dans ma peinture. Je laisse mon sentiment dedans. Mes tableaux sont l’expression et l’humeur du moment. »
Après trois heures d’entretien, le café est bu, quelques gâteaux restent, les enfant ont joué avec la tablette en dessinant (!) et en jouant avec le téléphone de grand-mère et ont bien gardé des bonbons pour l’après-midi, Dominique quitte la maison, non sans mentionner qu’elle a habité quelques maisons plus haut lorsqu’elle est arrivée à Pontorson. Ce weekend elle sera la personne « star » de l’exposition. Une position que cette femme consensuelle et sympathique a du mal à digérer, mais qui au fond de son cœur lui fait du bien, parce que c’est une reconnaissance de ce qu’elle est et de ce qu’elle fait.
L’exposition Plein’Art, avec la participation de près de 30 artistes, peintures, photographies, sculptures, céramiques etc. est à voir les 2 et 3 novembre à Pleine-Fougères , la salle Serge Gas, de 10h à 17h. L’entrée est gratuite.