Le vendredi 20 décembre 2024 un premier train Paris-Pontorson est arrivé à Pöntorson avec un retard de 10 minutes avec 78 passagers à bord. A Paris le train est accouplé à un Paris-Granville. Les deux trains sont séparés à Folligny. Avec le train du 20 décembre on ouvre la saison d’hiver des trains directs de Paris à Pontorson. L’exception par rapport à la saison d’été : Le Paris-Pontorson ne roule que les vendredis, les samedis et les dimanches.
L’association pour la ligne Caen-Rennes (ADPCR) avait fait un fort lobbying pour maintenir un tel service de la SNCF. A l’origine l’association avait opté pour un service uniquement le samedi et le dimanche, mais la SNCF a cru bon de servir un weekend complet avec le vendredi inclus. Ce train trouve sa raison parce que d’un côté les trains ont transporté 30.000 voyageurs uniquement pendant l’été 2024, de l’autre parce qu’on veut élargir la saison touristique pour le Mont-Saint-Michel. Mais il y a un autre effet : le vendredi 20 décembre il y avait beaucoup de personnes qui attendaient leurs enfants – étudiants à Paris – ou des parents pour le weekend en famille. Le lendemain, le vendredi 21 décembre, il y avait même 124 passagers à Bord.
Keolis a des difficultés
Comme toujours lors d’un nouveau cycle de transport, le changement des touristes du train vers la navette du Mont-Saint Michel, pose des problèmes. Keolis n’arrive pas à être à la hauteur dès le début. L’entreprise de transport sait exactement combien de voyageurs ont acheté un ticket vers le Mont-Saint-Michel. L’entreprise de transport sait aussi à quelle heure le train de Paris arrive à la gare de Pontorson. Et pourtant : les deux premiers jours les bus étaient absents lorsque le train arrive à Pontorson. Les voyageurs se trouvent sur le parking dans le froid et sous la pluie en attendant les navettes. Ensuite on constate toujours le même procédé. Le « check-in » au bus dure une éternité pendant que les voyageurs attendent dans une longue queue avant de monter. La raison : les conducteurs contrôlent chaque ticket des passagers.
En plus le matériel de Keolis semble souffrir d’un certain âge ou d’une maintenance insuffisante. Un chauffeur raconte : « Sous les secousses en traversant les rails des chemins de fer, ma tablette s’est éteinte. » Il fallait donc d’abord la remettre en service avant d’accepter des passagers. Lorsqu’on regarde l’horloge dans un car, elle indique 23 heures au moment des 13 h l’après-midi. Pour le passage du train vers la navette la gare SNCF a toujours été le point crucial.
Pourtant, les solutions sont assez faciles. Puisque les données sont communiqués de la SNCF à Keolis, l’entreprise sait combien de passagers seront à transporter. Concentrer le contrôle des billets sur le chauffeur du bus est une erreur. Cela peut se faire par du personnel dehors qui peut en même temps diriger les voyageurs vers un bus à prendre. Faire attendre les touristes pendant dix minutes sous la pluie, est le résultat d’une mauvaise organisation.
Si on veut être parfait, Keolis pourrait prendre en charge les touristes dans le train à partir de Folligny. Les touristes pour le Mont-Saint-Michel pourraient alors monter directement dans les navettes, sans perte de temps. Le principe du tourisme international aujourd’hui est simple : on prend le touriste en charge au maximum et on leur donne l’impression d’être les rois. Ce principe est surtout valable dans le tourisme de masse. Un touriste de masse bien traité est un ambassadeur positif. Il semble qu’au Mont-Saint-Michel on n’ait pas vraiment compris ce principe. Le nombre assuré de trois millions invite à la négligeance dans le détail..
Un burlesque en 16 actes
D’ici quelques semaines la gare de Pontorson aura changé de visage. Les bus pour le Mont –Saint-Michel ont déjà changé de place. Ils partent de l’autre côté, du parking où on a installé des haltes de car. On va créer entre autres cinq places de stationnement pour des taxis et une dépose minute. Le parvis sera spacieux et élégant. Seulement: le tout ressemble a un burlesque en plusieurs actes ;
Lorsque la ville de Pontorson apprend que le bâtiment de Districenter serait à vendre, on a l’idée de l’acheter et d’en faire un parking.
Au cours de réflexions le projet agrandit : grand Parking central derrière la gare, nouveau parvis et surtout un grand terrain libre à la place de l’ancien Districenter.
Deux bureaux d’étude sont chargés d’élaborer des plans. Les résultats sont édifiants.
La rue centrale, la rue Couesnon, doit être rétrécie sur une voie et demie, les touristes cyclistes qui arrivent par le train, seront dirigé vers la rue Couesnon et devraient se partager la rue rétrécie avec des voitures et des camionnettes de livraison.
Lorsque la Gazette de la Manche publie les plans, les commerçants protestent. Ils craignent pour les parkings dans la rue. Le maire assure que ce ne sont que des réflexions.
Les bureaux d’études planifient un beau nouveau parvis de la gare. Ils oublient la navette pour le Mont-Saint-Michel. Averti, ils ajoutent la navette avec un box sur le parking avec des conséquences irritantes.
La SNCF refuse de construire une passerelle au dessus des rails vers le parking. Comment faire alors ? Réponse des experts d’études : on laisse faire les touristes le tour de la gare vers le parking de 800 mètres vers les bus. . On aurait donc deux fois par jour une procession de touristes autour de la gare. Réponse sur la remarque qu’une telle solution ridiculise Pontorson : « on fait bien 800 mètres pour trouver des taxis aux aéroports ». La gare de Pontorson est donc déclarée comme aéroport. Une arrogance des experts acceptée par la municipalité.
Le sous-préfet d’Avranches s’étonne d’une telle solution. Mais une commission de la SNCF est claire : on va faire un passage vers le parking. Pourquoi ?
Dans les petites gares en France comme à Pontorson on passe d’un côté à l’autre en traversant des rails. Seuls quand on a un grand trafic avec beaucoup de trains, on construit une passerelle. Pontorson avec ses trois trains par jour est une petite gare. Les conseillers municipaux de Pontorson, qui devraient connaitre leur gare et qui passent les rails pour prendre le train pour aller à Dol-de-Bretagne et Rennes, ont suivi le bureau d’étude à la lettre et font les travaux nécessaires pour faire marcher les touristes autour de la gare vers le parking. Commentaire d’un membre du conseil municipal : « ils (les touristes) vont s’y faire ».
L’association pour le maintien de la ligne Caen-Rennes (ADPCR) se fait avocat pour un passage simple par les rails vers le parking en prolongent le passage qui existe déjà.
Une commission de la direction régionale normande de la SNCF examine la situation de la gare et du parking et décide : « on va faire un passage ».
La SNCF fait changer de rail le train arrivant de Paris. Au lieu d’arriver près du bâtiment de la gare, il arrive près du parking.
On installe un passage de fortune du quai pour aller directement vers le parking.
On peut se demander pourquoi le conseil municipal qui devrait quand même connaitre la gare n’a pas trouvé cette solution dès le début. On se demande comment la municipalité de Pontorson s’est laissé convaincre par une un bureau d’étude qui n’a pas pris en compte la spécificité Mont-Saint-Michel. On se demande comment la municipalité de Pontorson a suivi une étude qui – par des visuels présentés – s’oriente à Dreux, ville de 50.000 habitants. On doit se demander comment la municipalité a accepté une étude qui dispose d’une propriété privée pour créer à la place une série de boutique.
Les travaux une fois terminé, les touristes pour le Mont-Saint-Michel vont avoir leur passage direct par un passage. Ceux qui veulent prendre un taxi doivent passer les rails, traverser le bâtiment de la gare pour en trouver sur le nouveau parvis.
On voudrait parier qu’on va oublier de mettre un panneau avec une flèche pour trouver l’emplacement des taxis. Parce que Pontorson est bien une petite ville avec le label « ville touristique ». Pontorson est aussi la ville où un bureau d’étude parisien arrive à faire croire au conseil municipal que la gare est un aéroport où on mérite bien de faire 800 mètres pour trouver une navette. Tout ceci jusqu’au moment où les cheminots retrouvent le bon sens dans l’affaire.
Ne nous trompons pas : le projet lui-même était un coup de génie de la municipalité, reconnu par le département, la région, l’Etat et même les fonds européens. Il faut reconnaitre que ce projet change positivement l’entrée de la ville. Il faut reconnaitre aussi que le financement est à la hauteur de ce coup de génie. Il faut reconnaitre que le projet est financé à hauteur de 80 % par des subventions, ce qui arrive rarement. Puisque les finances de la ville sont saines le restant sera facilement financé sur la période de la construction. Mais ceci ne veut pas dire qu’une municipalité n’ait pas le droit de réfléchir et de développer ses propres idées de bon sens au lieu d’accepter des idées d’une étude qui dans des cas précis ne correspondent pas à la situation. Pour ne pas parler de l’arrogance des experts dans deux réunions publiques.