Depuis le 02 juin 2023 le train de Paris Montparnasse pour le Mont Saint-Michel roule de nouveau. Et: bien que les vacances n’aient pas encore commencé il a déjà un succès qui donne à réfléchir pour la période des vacances.
Depuis onze jours le train roule donc de nouveau. C’est un train TER sans aucun confort et sans service. Il transporte en majorité des jeunes qui acceptent qu’il n’y ait pas de service à bord. Et bien que Pontorson soit fier qu’à Paris le train soit affiché avec la destination « Mont Saint Michel », à la gare de Pontorson règne une certaine confusion. Il y a toujours l’un ou l’autre qui a des difficultés à comprendre qu’on arrive en vérité à Pontorson et qu’on doive prendre un bus pour le reste du trajet.
Le principe de communication a été développé l’année dernière. Chaque billet vendu pour le Mont Saint-Michel, qu’il soit vendu à Paris ou à Dreux, est communiqué à la gare de Pontorson, d’où on communique le nombre de passagers à Keolis au Mont Saint Michel. Martial Chabrerie, directeur de Keolis Mont Saint-Michel, prévoit actuellement deux bus pour le nombre de passagers arrivant à Pontorson. Ceci est suffisant pour les 80 à 90 passagers en moyenne qui arrivent.
Gérard Jolif, représentant de l’association pour la défense du train Caen-Rennes observe attentivement le développement du train. « Nous avions dans les deux premières semaines déjà 2 000 passagers aussi bien dans les trains de Paris que dans les trains venant de Rennes, qui sont arrivés par TGV à Rennes », dit-il. Il se souvient de la situation de l’année dernière, lorsque 180 à 200 personnes ont quitté le train tous les jours. Trois bus de Transdev (le prédécesseur de Keolis) pleins à craquer se sont mis sur la route du Mont Saint-Michel. Et l’année dernière aussi des Pontorsonnais ont pris des touristes dans leurs voitures privées pour les conduire vers le monument pour ne pas les laisser sur le carreau.
Entre temps le système est rôdé. Les informations passent entre la SNCF et Keolis. Mais il y a quand même des problèmes qui peuvent arriver. Le mardi 20 juin, 80 personnes sortaient du train et il n’y avait qu’un seul bus. « Un dysfonctionnement pour lequel nous nous excusons », dit le chef de Keolis. Le bus est donc parti très chargé et est revenu 40 minutes plus tard pour prendre le reste des passagers. Hedda, la norvégienne, qui devait attendre avec son amie, n’a quand même pas apprécié. Son impression : « La France voudrait avoir beaucoup de touristes, mais au fond on ne les aime pas.” Donald, venant du Kansas aux USA, trouve cela plutôt drôle. « Au lieu d’acheter une Ferrari, je me promène pendant trois mois en Europe » raconte-il. Il va raconter sa mésaventure avec le Mont Saint-Michel comme anecdote, quand il sera rentré aux USA.
Tout ce monde fait son expérience avec les toilettes à la gare de Pontorson. Il faut avoir 30 centimes en espèces exactes, sinon la porte ne s’ouvre pas. La pièce de 50 centimes est avalée sans réaction de la porte et reste dans l’estomac de l’automate. Paiement avec carte impossible. Le guichet de la SNCF se transforme alors en guichet de banque pour le changement de la monnaie. Il y a toujours les petits détails qui décident du bonheur des gens.
Le mercredi matin faisait voir un problème tout à fait différent avec les bus. Le deuxième arrive avec du retard. Lorsque le chef de bord du train constate que la file des passagers voulant sortir de la gare n’avance pas, il s’en mêle et règle la situation. Le problème : Il y a des passagers de train avec un ticket jusqu’au Mont Saint-Michel, qui ont le passage du bus inclus. Et il y en a d’autres qui doivent payer au chauffeur. Si cela se mélange, ça pose problème et l’attente dans la queue dure une éternité. Il raconte : « J’ai expliqué le procédé à tous les passagers durant le trajet, mais maintenant cela ne marche pas parce que tout le monde se mélange ». Il prend la chose en main et dirige les passagers avec un ticket déjà payé vers le deuxième bus. Et là le problème se résout tout de suite, puisque la majorité a son billet sur son smart phone, ce qui facilite le contrôle.
La saison vient tout juste de débuter pour le train. Il y a encore des grains de sable qui font grincer la machine. Mais les conséquences sont déjà graves. D’ici quelques semaines le nombre des passagers va doubler sinon tripler au pire des cas et Keolis va devoir mettre au moins trois bus à la disposition des touristes à la gare. D’ici là, la machine va devoir fonctionner sans grains de sable.
Martial Chabrerie parle de « dysfonctionnement » pour le manque de bus mardi dernier. Dans l’environnement de la gare on parle de manque de chauffeurs de bus et on se demande si « Keolis Mont Saint-Michel » ne peut pas coopérer avec « Keolis Bus scolaire » pour ces quelques trajets entre la gare et le Mont Saint Michel.
A partir de l’année prochaine on aura encore d’autres problèmes autour de la gare. D’après des plans pour la restructuration du quartier de la gare les bus ne viendront plus sur le parvis. Le maire de Pontorson, André-Jean Belloir, dans une audition publique du projet : « Le parvis est trop étroit pour les bus qui vont être mis à disposition ». La conséquence : après l’arrivée du train on verra donc une procession avec valises et sac à dos entre 80 et 200 personnes, qui va longer la gare, traverser les rails en direction de la maison de santé, ensuite aller sur le parking qui sera créé sur le terrain vague pour monter dans un bus Keolis.
Pourquoi ? La SNCF ne veut pas créer un passage direct de la gare vers le parking. Au lieu de trouver des solutions raisonnables les experts d‘urbanisation proposent comme solution un parvis de la gare avec des arbres, des espaces verts « où on peut flâner ». Mais qui va flâner devant une gare où on ne trouve rien à part deux trains par jour ?