Une nouvelle école pour moins de classes

On s’imagine une petite ville qui fait tout pour rénover son école primaire, la remet carrément à neuf, prend un crédit lourd pour effectuer les travaux. Et une fois les très grands travaux terminés, l’académie se réjouit des possibilités créées pour un enseignement moderne mais enlève une classe à cette école. Un non-sens administratif ? Un gâchis de l’argent public ? Non, c’est la réalité que vit la ville de Pleine-Fougères. Le maire est fâché et le fait savoir haut et fort lors de l’inauguration de la nouvelle école en présence du directeur de l’académie.

La ministre déléguée (à gauche); le maire Louis Thébault (à droite); l’adjointe au maire Sylvie Pigeon à l’arrière plan) copyright: Helmut Wyrwich

C’est en 2018 que le conseil municipal décide qu’on ne peut plus vivre avec l’école publique dans l’état où elle est. Il faut la rénover de fond à comble. On décide de financer les travaux en hauteur de 600.000 Euros en trois grandes phases. Des subventions sont accordées en hauteur de 152.000 Euros. Mais : vient la pandémie Covid. Les travaux sont bloqués pour trois ans. Et ensuite ? Le maire, Louis Thébault : « Après le Covid les prix montent, vient l’inflation ainsi qu’une pénurie de matériel. Le prix passe de 605.000 Euros à 880.000 Euros. »  Le tout financé par des crédits. Pour la circonstance il fait un grand compliment à son adjointe, Sylvie Pigeon. « Sans sa persévérance on n’y serait pas arrivé. »

En ce samedi 10 mai, on inaugure alors la nouvelle école. Quatre salles de classe flambant neuf. Une garderie flambant neuve plus une salle de professeurs. Quand on voit comment les enfants y bougent on sent que l’ensemble est à eux. En plus pour la première fois l’école aura un nom : ce sera l’école primaire Gisèle Halimi. L’événement est important pour la petite ville de 2.000 habitants. Le directeur de l’académie de Rennes est venu ainsi que l’adjoint pour les écoles. Le député Thierry Benoît, qui se sent toujours à l’aise à Pleine-Fougères est présent ainsi que comme la sénatrice d’Ille-et-Vilaine et ministre déléguée à la ruralité, Françoise Gatel. En milieu rural une école est toujours importante. Surtout quand il s’agit d’une école primaire, l’institut où on forme le caractère des jeunes.

Eleonor, Gabin, Christal, Carys expliquent au public qui était Gisèle Hamili qui a donné son nom à l’école publique primaire de Pleine-Fougères. copyright: Helmut Wyrwich

Malgré le beau soleil du matin l’humeur du maire n’est pas bonnn et il explique sans ménagement pourquoi : «  l’Etat nous a encouragé à dépenser beaucoup d’argent pour faire une école moderne. Et ensuite ? L’académie nous informe qu’elle va fermer une classe. Il faudrait peut-être changer de modèle et ne pas décider uniquement d’après les relations mathématiques entre élèves et professeurs». Le directeur de l’académie et son adjoint qui se trouvent parmi le public, ne se sont sûrement pas attendus à ce qu’on les mette publiquement le dos au mur. Mais ce n’est pas tout. Le maire de Pleine-Fougères du département Ille-et-Vilaine, qui n’a jamais peur d’un mot clair, explique : « Nous sommes en plein milieu rural. Pleine-Fougères y est un centre administratif, sportif, culturel et un lieu qui intéresse les investisseurs. « Il fustige l’incohérence de l’Etat d’encourager d’ un côté l’investissement dans une école et de fermer en même temps une classe.

Pleine-Fougères vit ce que la ville voisine de Pontorson a vécu l’année dernière lorsqu’on y a fermé une classe. La différence, la petite ville bretonne est une ville avec un point fort d’éducation. Elle dispose d’une école primaire privée avec crèche et garderie avec 124 enfants et de cette école publique avec 116 enfants qui vient de recevoir un nouvel habit. L’école primaire privée déménagera l’année prochaine dans un bâtiment flambant neuf. En plus la ville dispose d’un collège public et d’un collège privé. La ville est un vrai centre d’éducation pour cette enclave bretonne.

Sylvie Pigeon, adjointe au maire de Pleine-Fougères, a travaillé inlassablement pour la renovation de l’école publique primaire de Pleine-Fougères. Pendant son discours le maire l’avait remercié plus d’une fois pour son investissement durant des années dans ce projet. copyright: Helmut Wyrwich

 On augmenterait automatiquement le niveau des élèves et permettrait aux professeurs de s’occuper plus intensément des élèves « faibles ». La demande du maire de Pleine-Fougères au directeur de l’Académie de Rennes relève moins d’actes administratifs et plus de la compréhension éducative et pédagogique. Le développement démographique pourrait ainsi être une chance pour un nouveau comportement dans l’école vers plus de pédagogie et pour une augmentation du niveau des élèves, c’est cela l’idée du maire de Pleine-Fougères. Il faudrait uniquement que l’administration de l’académie le voie aussi de cette manière.   

Le maire de cette ville rurale fustige un système qui n’est plus adapté à la situation démographique en France. La diminution de la population de la population par la diminution du nombre d’enfants doit changer l’école. Au lieu de supprimer des classes, il faut réduire le nombre d’élèves par classe pour intensifier l’enseignement et pour permettre aux professeurs des écoles de mieux s’occuper de chaque élève.

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