S’il y a un compositeur qui représente une musique de contraste, puissante, harmonieuse, attaquante, berçante, paisible et calmante comme dans le troisième mouvement (le adagio) de la 9ème symphonie, une musique avec une multitude de mélodies dans la même pièce, une musique qui fait pleurer, c’est bien un rhénan. Et pourtant il a composé sa musique à Vienne. Ludwig van Beethoven (né 1770 à Bonn, mort 1827 à Vienne) est en même temps un révolutionnaire musical que précurseur des compositeurs comme Bruckner, Brahms ou Mahler. Il a créé des œuvres qui, 200 ans après leur composition, marquent toujours le monde musical. Le 7 mai 1824 fut née sa peut-être plus importante composition, la 9ème symphonie. La chaîne de télé Arte lui consacre ce soir-là une grande soirée qui commence à 20:15 en Allemagne et à 20:55/21:00 en France. Sur la chaîne Mezzo on pourra voir une représentation de la symphonie à partir de 19:20 heures.
Ludwig van Beethoven est sourd. Ce soir du 7 mai 1824, on veut écouter les dernières compositions du maestro, qui ne s’est pas montré depuis longtemps dans le public. On présente entre autres les trois premières parties de la missa solemnis. Mais le public, autour de 2.000 personnes, attend la nouvelle œuvre magistrale, sa neuvième symphonie. On est curieux.
La présentation n’est pas facile. Beethoven est sourd, ne va rien écouter. Alors c’est Michael Umlauf, le « Kapellmeister » du « Theater am Kärntnertor » qui doit diriger. Le problème au fond c’est Beethoven lui-même, qui voudrait diriger l’orchestre et le chœur. Mais il est sourd. Et un travail commun entre Umlauf et Beethoven a été la catastrophe lors d’une présentation de Fidelio quelques semaines avant. Beethoven corrigeait constamment Umlauf, l’orchestre était irrité. Alors : pour cette soirée l’orchestre du théâtre a reçu un ordre : on ne réagit pas sur les commandes de Beethoven. Lui est assis sur une chaise à côté de Umlauf et donne des signes à l’orchestre que les musiciens ne regardent pas. En plus il y a un autre problème : l’orchestre et chœur n’avaient que deux répétitions et la représentation connait quelques difficultés. Que « la neuvième » soit une pièce de musique magistrale et – à la Beethoven – complexe sinon difficile se fait voir seulement lorsque d’autres orchestres et d’autres dirigent s’en occupe et découvrent la diversité des mélodies et la profondeur de la musique.
Beethoven est assis avec le dos au public. Il dirige toujours, lorsque la représentation est déjà terminée. Beethoven ne remarque pas que le public est enthousiasmé, des cris, des bravos resonnent dans la salle et le compositeur et le dirigent doivent se présenter cinq fois à la fin. Le public avait même applaudi après chaque mouvement. C’est la chanteuse Caroline Ungher, qui le prend par l’épaule et le tourne vers le public qui l’applaudit frénétiquement.
Beethoven a écrit la neuvième symphonie entre 1812 et 1823, il a travaillé en même temps à une autre pièce magistrale, la missa solemnis. Il avait vendu la symphonie pour une exclusivité de quatre semaines à Londres, un contrat qu’il a rompu en présentant son œuvre trop tôt à Vienne.
La symphonie était une sensation et une cassure de la tradition de composition. Jamais on avait vu un chant dans une symphonie. Beethoven utilise dans le premier et dans le troisième mouvement de la symphonie des éléments qu’on retrouvera plus tard chez Bruckner, Mahler et Brahms.
Qu’est-ce qui se passe avec cette symphonie ? Pendant des années elle fait un tour à travers des pays en Europe. Mais avec les années elle devient aussi un symbole pour des dictateurs. Hitler la demande en concert pour son anniversaire. Staline la fait jouer pour sa constitution de 1936 et demande sa représentation à tout moment. « Cette symphonie est bonne pour le peuple russe » dit-il. Et pour la constitution de la République Démocratique d’Allemagne (RDA) il faut – naturellement – la jouer aussi.
Beethoven a connu le texte pour le chant qui a rendu la « neuvième » célèbre en 1792. Il était admirateur de Goethe et de Schiller. Lorsqu’il a connu « L’Ode an die Freude », de Friedrich von Schiller, il avait l’idée de composer une mélodie pour le texte, mais il n’y a pas vraiment réussi jusqu’au moment où il a intégré le chant dans la symphonie. En 1792 un ami avait envoyé une lettre à la femme de Friedrich von Schiller. Il lui avait annoncé que Beethoven avait vu l’Ode et qu’il était sûr qu’il allait faire quelque chose de bon de cette Ode. Il a mis 30 ans pour trouver ce »quelque chose de bon ». Et l’Ode est devenue est devenue immortelle.
La symphonie est devenue un symbole pour la paix. Lorsque le mur est tombé à Berlin, Leonard Bernstein, déjà très malade, est venu exprès de New York pour diriger la « neuvième » à Berlin Est. Il avait changé un mot dans le chant. Au lieu de chanter « Freude (joie)» il faisait chanter « Friede (paix) ». Et dernièrement en Ukraine on la chante en ukrainien. Herbert von Karajan a travaillé la mélodie pour en faire l’hymne national européen.
Beethoven est le compositeur qui révèle le mieux qui vous êtes
Sir Simon Rattle sur Mezzo
Ce mardi 7 mai 2024 la chaine de télé Arte consacre toute une soirée à Beethoven et sa neuvième symphonie. La présentation de symphonie d’une façon spéciale et une documentation.
Le premier mouvement sera joué par le Gewandhaus Orchestre de Leipzig sous la direction de Andris Nelsons
Le deuxième mouvement vient de Paris ou le jeune prodige Klaus Mäkelä dirige l’orchestre de Paris.
Le troisième mouvement sera joué dans la scala à Milan sous la direction de Ricardo Chailly.
Le grand quatrième mouvement sera dirigé par la nouvelle star Joana Mallwitz et l’orchestre symphonique de Vienne.
La soirée Beethoven commence à 20:15 heures sur Arte Allemagne
En France la soirée Beethoven commence sur Arte à 20:55/21:00 heures.
Dans la chaine MEZZO (canal 160 chez BOUYGTEL) on aura une transmission de la 9ème symphonie à 19:20 heures. Elle sera jouée par les « Wiener Philharmoniker »S sous la direction de Carlo Muti.
A Londres, à St.Martins in the Fields on présentera toutes les neuf symphonies de Beethoven dans la semaine du 13 mai 2024 au 18 mai 2024.