L’entreprise de Pompes funèbres Guérin a été fondée en 1922. C’est une entreprise familiale, ancrée dans la Manche. Depuis trois ans elle fait partie du tissu économique de Pontorson. Et maintenant elle s’y incruste vraiment. Guérin a commencé les travaux pour ses chambres funéraires. Le nouveau bâtiment avec accueil et trois chambres funéraires devraient être inaugurées au premier semestre de l’année prochaine.
L’entretien avec Vincent Romain (42) a lieu le soir. Les pompes funèbres ne sont pas le métier qu’il a appris. Il vient des métiers hôteliers. « J’ai vite compris que le vrai travail est d’accompagner les familles dans leur deuil, de les soutenir et de les aider dans un des moments les plus difficiles de leur vie. Dans tous les cas ils ont perdu un être qui leur est cher. Et il faut leur faire comprendre que mon rôle est de leur enlever tout ce qui les opprime comme souci. » Avoir vécu la mort de quelqu’un est déjà assez traumatisant. Trouver une personne dans les pompes funèbres qui aide, qui comprend, qui règle tout ce qui fait des soucis supplémentaires, c’est cela son rôle”, explique-t-il.
Vincent Romain a vécu que l’entreprise Normand est devenue l’entreprise Mélanger et ensuite l’entreprise PFG. Lorsque la famille Guérin a décidé de s’intéresser à Pontorson, il a changé. « Il explique : « Guérin est une entreprise centenaire manchoise. Elle est restée un acteur local et une entreprise artisanale malgré son implantation à Granville, Saint James, La Haye Pesnel, Villedieu-les- Poëles, Sourdeval, Le Neufbourg et St. Aubin du Cormier et en plus deux villes bretonnes. »
Lorsque Guérin a ouvert son agence à Pontorson et que Vincent Romain a pris la gestion, il avait l’avantage d’être connu. Assez souvent on s’adresse à lui par son prénom. Cela aide à parler dans une situation des plus difficiles dans la vie. L’agence Guérin dans la rue Couesnon à Pontorson a très vite gagné la confiance des familles. « Vincent » n’aime pas trop parler affaires et chiffres, mais on comprend qu’une grande partie des parents de morts s’adressent à lui. Guérin a une réputation familiale dans la Manche.
Il a néanmoins un grand désavantage. Il lui manque des chambres funéraires. Actuellement il les loue ou bien à PFG ou bien il utilise les chambres funéraires de Guérin à St. James. Une chambre funéraire est importante. Pendant les jours entre la mort et l’enterrement elle offre l’intimité pour dire définitivement « adieu », pour se mémoriser la vie commune en toute tranquillité. Vincent Romain a cherché pendant longtemps. L’endroit qu’il a trouvé se situe rue de Rennes, en face de la maison de la santé et du parking qui va être créé sur le terrain vague. Ce sera un investissement assez lourd. On ne parle pas chiffres chez les Guérin. Mais si on considère la démolition d’une maison, une large part d’amiante, le terrassement, les frais de décharge, et ensuite la construction durant presque huit mois, on arrive à une somme conséquente. Il faut considérer en plus les conditions spéciales d’hygiène pour des chambres funéraires.
Qu’est-ce que les Guérin vont construire à cet emplacement ? Ils ont prévu un accueil de 45 m2, trois salons funèbres entre 22,37 m2 et 22,27 m2, des locaux techniques, des WC, des douches privées pour le personnel qui traite les corps, un vestiaire, un Sas pour l’accueil des défunts. On prévoit 13 parkings en plus. Le permis de construire a été délivré au mois de février. Vincent Romain :” La maison une fois terminée, on va y installer notre agence. C’est-à-dire on transfère notre agence de la rue Couesnon vers la rue de Rennes. »
Il ne faut pas se faire de fausses idées, la mort est aussi une question d’affaires. On doit se poser la question si un tel investissement sera rentable. Vincent Romain : « oui parce qu’il faut regarder sur le long terme. Les gens qui meurent actuellement ont tous autour de 80 à 85 ans en moyenne. Nous arrivons alors à la génération des années 1945, 1946, donc à la première et deuxième génération après la guerre. Ensuite ce sont les générations qui ont l’âge à partir de 65 ans actuellement. »
Reste la question : combien coûte la mort? Vu la situation concurrentielle à Pontorson, Vincent Romain aimerait ne pas faire un devis. Ce n’est pas nécessaire. Dans l’internet on trouve des devis de toute sorte, d’un enterrement économe jusqu’ à un enterrement luxueux. Si on fait une moyenne avec un cercueil en chêne – habituel dans la région – on arrive à un prix de 5.000 Euros. Faire le caveau de deux places coûterait autour de 1.500 à 2.000 Euro.
» Il faut calculer le prix pour une pierre tombale entre 2.500 Euro et 5.500/6.000/7.000 Euros.
Vincent Romain : « Si on poser une tombale sur le caveau, on peut arriver autour de 1 500 autour de 2.500 Euros. » Si on veut plus, les prix sautent très vite. Il se peut alors qu’on arrive à des prix plus conséquents.
Personne n’aime parler de la mort. Mais vu les conséquences économiques, il faudrait peut être prévoir.