Perrine Serre est arrivée avec son conjoint et ses deux enfants à St. Lô début mai de cette année. Elle a pris en charge le secrétariat de la préfecture de la Manche et est devenue en même temps sous-préfète de St. Lô. Un nouveau préfet de la Manche prendra ses fonctions d’ici trois semaines. A l’exception de la sous-préfecture de Cherbourg tout le personnel préfectoral de la Manche aura changé fin août.
Changement aussi dans le Calvados, où Stéphane Bredin prend son nouveau poste fin août. De l’autre côté « de la frontière », en Bretagne, ce sera Philippe Gustin qui arrive comme nouveau préfet d’Ille et Vilaine et préfet de Bretagne. Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, crée le visage du corps préfectoral de l’Ouest de la France très touristique et internationalés pour l’année 2024, année des jeux olympiques. Il saute aux yeux que presque tous les arrivants dans l’Ouest ont des expériences des caraïbes et de l’hémisphère sud du globe. Philippe Gustin connait l’Allemazgne et a son DESS sur les régistres des familles dans la ville allemande Landau. Comme si le gouvernement voulait renforcer le corps préfectoral dans l’Ouest avec des préfets ayant une expérience internationale. Philippe Gustin a été préfet de la Guadeloupe avant d’arriver à Rennes, ville dynamique, universitaire avec une population jeune d’étudiants internationaux et toujours prête à des manifestations.
Beaucoup de travail de toute façon pour des déménageurs partout en France et des fleuristes pour les gerbes à déposer devant les monuments aux morts. Des Problèmes à régler pour des conjoints et des enfants au cas ou des familles complètes changent de Département ou même de région. ou du continent.
Avant que le nouveau préfet de la Manche, le breton Xavier Brunetière, n’arrive, sa future secrétaire générale, qui sera sa collaboratrice la plus importante, est déjà sur place depuis quatre mois. Perrine Serre a la chance de pouvoir travailler avec le préfet sortant, Frédéric Perissat et de pouvoir se plonger dans des dossiers existants. Pourra faire connaissance en plus avec les membres de son cabinet.
La Grenobloise avoue franchement qu’elle ne connait pas la Manche. Mais elle a utilisé les trois derniers mois pour créer des contacts, pour rencontrer beaucoup de gens, pour se familiariser et analyser le Département.
Pourquoi la Manche ? « J’avais souhaité de retourner sur le territoire », dit-elle lors d’un entretien avec inforama sur l’Aire « Mont Saint-Michel » de l’autoroute A 84. Pour elle, il s’agit d’une rentrée aux sources de son métier.
Elle s’est préparée pour sa vie professionnelle avec des études de politique et avec un DESS sur la politique publique de l’Europe. Ensuite suit l’Ecole Nationale d’Administration de la promotion Jean Zay (1), une promotion qui se réfère à un homme remarquable et important pour l’histoire récente de la France et qui correspond à l’histoire de sa propre famille. D’après des informations du journal Ouest France, Perrine Serre est la petite fille d’un maquisard et d’une rescapée du camp de concentration d’Auschwitz.
La ecrétaire générale a fait ses expériences de l’administration dans des entités territoriales des Départements de la région parisienne. Après avoir passé l’ENA, elle entre dans le corps préfectoral pendant quatre ans en Savoie et en Martinique où elle occupe le poste de préfet.
Suit un virage de retour dans la finance publique qu’elle connait bien de son temps à Gentilly où elle était responsable du pôle finance. Elle sera détachée comme rapporteuse extérieure à la Cour de Comptes. Avant d’arriver à St. Lô, Perrine Serre a passé ces deux dernières années au ministère de l’intérieur occupée par la modernisation de l’administration territoriale et le pilotage du réseau des préfets et des sous-préfets.
Et maintenant la Manche. « Je voulais retourner dans le travail territorial », dit-elle. La spécialiste des questions territoriales et de la simplification de l’administration sera bien servie. Elle aura besoin des tous ses talents dans le département de la Manche.
C’est un Département avec l’industrie nucléaire et tous les problèmes qu’elle amène. C’est un Département rural avec un manque criant de logements. On préfère bâtir des gîtes qui sont plus profitables. C’est un Département avec une maivaise infrastructure où dans le sud il manque une bonne interconnexion des villes dans le sud de la Manche avec Dol de Bretagne, St.Malo et Rennes. C’est un Département maritime avec les problèmes des côtes à cause du changelment climatique. C’est enfin un Département touristique, monopolisé par le Mont Saint-Michel dont la politique consiste dans les mots « préserver » et « gérer ». Le mot « développer» est exclu. Un zonage démesuré autour du monument crée plus de restrictions que de motivations à entreprendre. « On ne peut plus rien faire » dit le maire de Beauvoir (Normandie) Alexis Samson dans une réunion à Pleine-Fougères (Bretagne) au mois d’avril 2023. On craint dans la Baie aussi bien en Normandie qu’en Bretagne que le monument impose des restrictions à son territoire qui se développeront en désavantage pour toute une région. Les experts qui penchent sur la Baie rêvent d’ un pays de verdure agricole avec des fermes bien restaurées Une présentation mi avril à Pleine-Fougère qui laisse imaginer une sorte de Disneyland autour du monument.
C’est aussi un Département coupé en deux pour les relations ferroviaires. Il existent cing trains par jour entre Grabville et Paris. Mais il n’y a que deux pour les relations inter-régionales entre Caen et Rennes. La population entre Avranches et le Couesnon est largement orientée vers la Bretagne. Pendant les deux siècles derniers des décisions importantes pour l’infrastructure de cette région ont été prises du côté breton. Et aujourd’hui les interessés pour le dernier lotissement à faire dans Pontorson devraient même venir de Saint Malô d’après ce qu’on entend. Par manque de bonnes relations par train on verra alors un accroissement de circulation de voitures. Une seule ligne de bus entre Pontorson et Saint Malô n’est pas suffisante. Et il faut bien voir que le bus est moins aimé que le train.
La spécialiste de l’administration territoriale verra sûrement aussi les problèmes des agglomérations. Un préfet qui est parti depuis longtemps a créé des problèmes sans fin avec la composition de l’agglomération « Avranches-Mont Saint-Michel ». C’est une agglomération qui englobe la ruralité aussi bien que des villes de taille moyenne. Cette Agglomération se trouve dans l’impossibilité d’harmoniser ses contradictions. Une agglomération, qui centralise et enlève des responsabilités aux villages et aux villes sans véritablement améliorer les situations. Une agglomération enfin avec 87 751 habitants au premier janvier 2020 qui se permet d’être gérée par 14 vice–présidents. avec des attributions qui pose parfois questions. Dans les villages et les villes on entend trop souvent « c’est la responsabilité de l’agglomération » comme excuse pour une non-activité.
Perrine Serre trouvera tous ses problèmes sur son bureau. Ceci dans un moment où l’équipe se renouvelle presque en totalité. Lors de la réception pour le départ du sous-préfet Gilles Traimond, le préfet Frédéric Pélissart faisait une petite remarque à part : « ce ne serait pas facile de gérer un Département où une équipe est largement en train de changer ».
En effet, Pierre Chaleur vient d’arriver à Avranches, Julien Miniconi vient d’arriver à Coutances, Perrine Serre vient d’arriver à St. Lô, Le préfet lui même est partant et sera remplacé d’ici deux semaines par Xavier Brunetière, venant du Gers. La seule qui garde la continuité est Elisabeth Castelotti à Cherbourg. Difficile de gérer tout ceci. Et puisque le « CDD » du corps préfectoral dure en général trois ans, on peut déjà se demander comment cela se passera pendant ces trois ans et d’ici trois ans. Il y a sûrement des postes plus faciles que celui que la sous-préfète Perrine Serre occupera pendant son « CDD » en temps que secrétaire générale à St. Lô.
- Jean Zay *
Jean Zay, né le 6 août 1904 à Orléans et mort assassiné par la Milice le 20 juin 1944 à Molles (Allier), est un avocat et homme politique français. Il est sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil, ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-arts, député et conseiller général du Loiret. Jean Zay est membre du légendaire gouvernement de Léon Blum qui par ses réformes a changé la France.
Pendant ses quarante-quatre mois au gouvernement, Jean Zay institue, au titre de l’Éducation nationale : les trois degrés d’enseignement, l’unification des programmes, la prolongation de l’obligation scolaire à quatorze ans, les classes d’orientation, les activités dirigées, les enseignements interdisciplinaires, la reconnaissance de l’apprentissage, le sport à l’école, les œuvres universitaires. Et il pose les fondements d’une école qui deviendra beaucoup plus tard l’ENA. Qu’est-ce qu’il a fait au titre des Beaux-arts ? Le CNRS, le Musée national des arts et traditions populaires, le Musée d’Art moderne, la Réunion des théâtres lyriques nationaux, le festival de Cannes.
Jean Zay est assassiné en 1944 par le milicien Charles Develle. L’assassin s’est réfugié à Naples. Jugé par un tribunal militaire à Lyon en février 1953, Develle est condamné aux travaux forcés à perpétuité. Il est libéré deux ans plus tard. Les cendres de Jean Zay sont transférées au Panthéon le 27 mai 2015.