André-Jean Belloir : depuis 2014 il est membre du conseil municipal de Pontorson, ensuite maire du Grand Pontorson, commune de 4.500 habitants qui a vocation de grandir à 5.000. Son prédécesseur, André Denot avait trouvé sa vocation de conseiller général.
André-Jean Belloir sourit quand je lui répète une phrase de notre premier entretien il y trois ans. « Ce métier de maire est un métier de dingue. » Son mandat s’achèvera dans pas trop longtemps. Qu’est-ce qu’il pense aujourd’hui ? « Je suis un homme qui travaille en équipe. Je pense qu’il faut travailler en groupe pour avoir du succès pour sa ville. Le groupe en conseil municipal doit connaitre les dossiers, doit s’entendre et coopérer malgré des discussions qui sont nécessaires de temps à autre. Et : pour effectuer cette fonction il faut aussi être bien entouré en famille.»
Mi-juin le chef du groupe (le maire) avait invité son conseil à une rencontre informelle pour parler des projets à régler pour le reste du mandat. « Tout le monde parle toujours du projet autour de gare. En fait nous avons des étapes à régler. Actuellement nous travaillons à construire le parking. Ensuite le parvis de la gare. L’année prochaine nous nous occuperons de la place qui sera à créer au lieu où se trouve actuellement l’ancien bâtiment de Districenter qu’il faut quand-même d’abord le détruire. » Le maire pense qu’à la fin de 2025 le projet sera terminé et le quartier de la gare aura un nouveau caractère.
L’endettement de la ville sera aussi, comme prévu, descendu à 4,3 millions d’Euros fin 2025, assure-t-il. Son équipe, qui avait gagné les élections, avait promis de terminer le mandat avec le montant de dettes du début. Et ceci malgré des investissements considérables à financer. Le projet du quartier de la gare par exemple nécessite des investissements de 4,1 millions. Il sera subventionné en hauteur de 80 %, le maximum possible.
Durant les 10 dernières années Pontorson s’est développée en un centre territorial attractif. « Nous avons 92 magasins. Nous avons des banques, des restaurants, des commerces de toutes sortes. Les villes autour de Pontorson ont toutes perdu des commerces. Ce n’est pas le cas pour notre ville. Regardez la situation à Saint-James ou à Pleine-Fougères. On y manque de commerces. » Belloir admet pourtant qu’on pourrait encore améliorer la situation. « Il faudrait pourtant voir ce qui nous manque ». Ce qui manque par exemple serait un pressing. Depuis sa fermeture les Pontorsonnais se retrouvent à Dol-de-Bretagne. La nouvelle crémerie de niveau par exemple pourrait se compléter par une charcuterie et on entend aussi parmi les Pontorsonnais qu’il manque un magasin de fruits et de légumes. Le maire, lui, pense plutôt à une location de vélos. « Mais ce ne sera pas simple. C’est quand même une affaire cyclique qui a une demande forte en été et pas de chiffres d’affaire en hiver ». Actuellement on trouve une location de vélo dans le bâtiment de la gare. C’est une affaire éphémère. Le maire ne parle pas trop de projets pour l’avenir. Mais l’un ou l’autre conseiller municipal se montre cryptique. On aurait encore beaucoup de choses à faire.
André-Jean Belloir a néanmoins des idées pour les services dont les citoyens auront besoin dans sa ville. Il ne veut pas perdre le service d’un bureau de poste et sait comment faire. « Nous pourrions installer une maison de service dans l’ancienne trésorerie. France Services s’y trouve déjà et parmi les différents services on trouverait aussi le service de la poste. « Un système qu’on trouve à Pleine-Fougères et qui évite la situation des villes qui n’ont plus de bureau de poste. » Les employées du bureau de la poste à Pontorson indiquent sans équivoque : « dans deux ans nous serons en retraite et il n’y a personne qui voudrait prendre notre poste à Pontorson. »
A côté du projet de la gare, Pontorson se trouve avec quatre grands projets qui se réalisent un peu dans l’ombre. Il s’agit d’un nouveau quartier résidentiel avec une vingtaine de maisons individuelles. « Nous saurons à la rentrée combien de terrains sont vendus et quand les travaux de construction commenceront. » Il s’agit en plus d’un projet de 10 maisons et deux appartements HLM, un projet d’un centre de la jeunesse avec crèche et l’extension de la Gendarmerie pour une brigade supplémentaire qui s’occupe uniquement du Mont-Saint-Michel, mais qui est stationnée à Pontorson.
La crèche tombe dans la responsabilité de l’agglomération Mont Saint-Michel-Avranches, qui attire de plus en plus de compétences sans avoir les moyens nécessaires. Le bâtiment est en train de sortir de terre.
L’agglomération pose problème. Pour une population de 91.000 personnes elle possède un président, 14 vice-présidents et 82 conseillers. Le pré »sident et les vice présidents renoncent à 10 % de leur indémnisation mais elle s’élèvent toujours ç plus de 500.000 d’Euros. André-Jean Belloir ne commente pas cette situation. « Pontorson ne reçoit pas de subventions de l’agglomération », dit-il. « Mais pour une ville comme Pontorson il est important d’y être représenté. Pour les infrastructures il existe un partage clair des compétences entre les villes et villages formant l’agglomération et l’agglomération elle-même. Le premier adjoint du Grand Pontorson, Vincent Bichon, est en même temps vice-président de l’agglomération, chargé des affaires d’eau. Dans cette fonction on peut parler de beaucoup de choses pendant et après des réunions des vice-présidents. «
Pontorson est une enclave dans le Département de la Manche. L’intérêt de vie de la population est fortement orienté vers la Bretagne. La ville de Pleine – Fougères est une enclave dans le Département d’Ille-et-Vilaine de la Bretagne. Le maire de Pleine-Fougères dit : « On est au bout de tout. » Ce qui est valable aussi pour Pontorson.
Belloir : « Au début de notre premier mandat nous avons essayé de coopérer avec les enclaves bretonnes. C’était impossible parce notre territoire transitoire est coincé entre deux Départements et deux régions. Et vous vous imaginez : Le Mont-Saint Michel en Bretagne . . . ? » Mais ce qui est plus grave : même là où les petites coopérations sur le plan local sembleraient possibles, elles butent sur des refus idéologiques entre Normands et Bretons. Le maire : « nous avons essayé de créer une coopération entre les écoles de musique de Pontorson et du voisinage breton. Les professeurs de Pontorson ont refusé. »
Pontorson ne sera plus la même ville d’ici un an. Elle sera plus moderne, elle aura une infrastructure qui servira toute la Baie jusqu’au Mont-Saint-Michel. Le maire admet qu’il faut deux mandatss pour faire bouger les affaires et pour réaliser des projets. Et après ? André-Jean Belloir sourit sur cette question indirecte . « Il faut être soutenu par la famille et il faut avoir une bonne équipe », dit-il. Et comme cela, la boucle est bouclée sans une vraie réponse.