90 Minutes de Vivaldi, Bruckner et Haydn et à la fin du concert une ovation pour un chœur et un orchestre. L’ensemble Vocal et Instrumental de la Baie est passé dans l’église Notre-Dame pour un concert le dimanche 12 janvier 2025. Un concert remarquable par la qualité des chants et par la musique. Si c’est cela que le curé Romain Farque demande comme qualité de concert on comprend pourquoi il est si exigeant pour les manifestations culturelles dans l’église de Pontorson. On pourra déjà se réjouir de futurs concerts dans cette église, tout en sachant que le prêtre se réserve le choix des morceaux de musique.
Les morceaux d’Antonio Vivaldi (1678-1741), Anton Bruckner (1824-1896) et Franz Joseph Haydn (1732-1809) variaient de la musique baroque de Vivaldi avec « l’été » de son cycle des « quatre saisons » à deux compositions d’Anton Bruckner, chanté à capella en variant huit voix et le chœur mixte tout entier. Une présentation de haute voltige.
Franz-Joseph Haydn à la fin, le compositeur de la fin de l’époque de baroque jusque dans le romantisme musical. « Papa Haydn » pour Beethoven, qui a pris des cours de compositions chez lui. En Angleterre Haydn était une star avec ses compositions. Le « Salve Régina » qu’on écoutait cet après-midi-là fut écrit en 1772. Haydn a découvert la musique pastorale au milieu de sa vie et a composé ses grandes messes vers la fin de sa vie.
L’ensemble vocal et instrumental trouve ses origines dans les écoles musicales d’Avranches, mais dépasse la ville depuis longtemps. Aujourd’hui les musiciens viennent de Coutainville jusqu’à St. Brieuc. C’est un ensemble avec des challenges musicaux élevés à qui on veut bien reconnaître un grand professionnalisme. Les 40 choristes et musiciens se rencontrent régulièrement et n’ont pas peur des grands œuvres. Actuellement l’ensemble prépare la « Theresienmesse » de Franz-Josef Haydn qui devrait être présenté au mois de mai. Les exigences de Vincent le Toronec, chef de l’ensemble, lui-même professeur de violoncelle et membre du trio »Bo Wind », sont élevées. On l’entend dans le chant à capella du morceau de Bruckner, mais aussi dans l’excellence des solistes. Vivaldi avec son cycle « les saisons » demande une grande maitrise du violon. Laurent Sallard joue avec une grande élégance en s’harmonisant bien avec l’orchestre, aussi bien que Geoffroy Voisin dans le concerto pour violon. L’ensemble jouit de très bons solistes, comme aussi le Baryton Guillaume Curmer ou l’organiste Dominique Dumont, jouant avec élégance dans le Salve Regina. Le concert dans l’église Notre Dame de Pontorson permet à l’ensemble de présenter le chœur et l’orchestre séparément, mais aussi comme ensemble. Les musiciens jouissent donc d’un grand choix de morceaux de musique.
Il faut tout de même remarquer que les curés d’Avranches et de Pontorson appartiennent à la même confrérie religieuse « Saint-Martin » réputée conservatrice. Il est louable, même souhaitable, d’ouvrir les églises à des concerts classiques, donc à de la musique à niveau. Mais on risque de limiter l’offre, de s’adresser aussi à un public restreint si on se limite à une musique religieuse. On limiterait l’offre classique musicale. On décevrait le public. Et on pourrait même casser l’espoir de trouver des concerts de niveau avec un répertoire plus large aussi bien qu’à Avranches qu’à Pontorson. A Avranches le samedi 11 janvier avait lieu devant 135 personnes, à Pontorson un petit plus de 100 personnes. Il y a donc un public qu’on peut espérer élargir.
Il faut remarquer aussi, qu’on doit concerter les églises, les chœurs et les orchestres aux exigences en accoustique de la musique.
La cathédrale d’Avranches possède le volume architectural pour chœur et orchestre. L’église de Pontorson n’en possède pas. Le même concert à Avranches et à Pontorson sonne tout à fait différemment. Placé devant l’autel à Pontorson le son ne se développe pas. Le chant est envoyé directement dans le corps étroit de l’église. Le chant du chœur, notamment par les sopranos, arrive comme « fortissimo » dans le public, comme si on chantait dans un tunnel. A Pontorson il faudrait donc placer le Chœur derrière l’autel pour que le son se développe et l’orchestre de corde devant. Il ne suffit pas simplement d’ouvrir une église pour de la musique classique. Cette musique a des exigences aussi au bâtiment. Ce qui n’enlève rien à la performance des musiciens et au plaisir de les avoir écoutés.
A la fin un regret : La ville de Pontorson n’avait pas annoncé ce concert à l’église dans son agenda sur l’internet.
