Le cadeau du Procureur

On s’imagine : on commet une infraction au code de la route, la Gendarmerie vous interpelle et en fin de compte vous vous en sortez sans amende, et même sans points enlevés de votre permis. C’est possible ? Oui mais. . .

Samedi, 29 juillet 2023, l’autoroute A 84 Rennes-Caen, Aire du Mont Saint-Michel. C’est le weekend des chassés-croisés. Le parking est archi-plein, les voyageurs de multiples nationalités font leur pause, transformant l’aire partiellement en aire de pique-nique. De longues queues se forment devant les unités de pompes à carburants et ceux qui veulent acheter un sandwich ou même manger doivent de nouveau s’armer de patience dans une queue devant des caisses.

Au bord du parking, des tentes, des voitures de la sécurité routière et des gendarmes avec motos et deux voitures, dont une Alpine, capable de faire des poursuites à grande vitesse. C’est la voiture admirée, une prouesse de la technique. La jeunesse se fait photographier devant. Perrine Serre, Secrétaire générale de La préfecture de la Manche : « Nous organisons une action de sensibilisation aux risques routiers pour les automobilistes qui roulent sur l’autoroute A 84.  Nous avons créé un village de prévention avec des stands qui informent sur chaque danger et sur la façon d’éviter des situations dangereuses. C’est-à-dire l‘alcool, le mauvais comportement de toutes sortes, et sur la signalisation. C’est une action que nous faisons régulièrement. »

La secrétaire générale de la préfecture a quand même une surprise pour les conducteurs qui ont été attrapés par la gendarmerie. « Le procureur de la république a accordé aux conducteurs fautifs la faveur de ne pas être verbalisés durant une période de deux heures. La condition : les conducteurs doivent faire un passage dans ce village de sécurité routière. Ils seront informés sur les différentes dangers », explique la sous-préfète.

Pour Fabrice, cette décision, c’est Noël en plein été. Il a été arrêté avec 147 km/h et savait qu’il risquait son permis et des points à enlever de son permis. Il passe volontiers une heure dans le village. Au simulateur il doit faire la queue. Paul est en train de recevoir ses premières mauvaises surprises. Le simulateur le fait rouler sur une autoroute vide lorsque tout d’un coup un accident lui barre la route. Paul freine à fond, mais il heurte quand même une voiture déjà accidentée. L’instructeur lui explique : « Bonne réaction, mais le trajet de freinage était trop long. » Ensuite il explique la situation : une évaluation différente de l’accident aurait pu éviter de heurter la voiture accidentée. Deuxième essai : même problème. Troisième essai : Paul a compris, il tire vers la droite, gagne sept mètres et évite de heurter les voitures. Ce que l’instructeur lui a fait comprendre c’est d’évaluer une situation tout en réagissant en très peu de temps, voire une seconde. Autrement dit : L’autoroute ne permet pas une conduite relaxe, même si elle semble être vide.

 Fabrice qui avait reçu un cadeau généreux de la part du procureur, va se trouver devant des problèmes semblables. Il va comprendre les effets d’une vitesse mal évaluée, tandis que Jacqueline qui vient de doubler à droite sera confrontée à des situations de la route nationale.

Si on a cru que le simulateur est le seul choc pour les conducteurs, on s’est trompé. Un peu caché derrière une tente, la sous-préfète montre une voiture du service routier. Cabossée à l’avant, carrément détruite à l’arrière, on n’ose pas trop s’imaginer ce qui s’est passé avec cette camionette. Comme point culminant à la fin de la sensibilisation la sécurité routière propose des lunettes 4D. Et là – c’est le choc. La vidéo propulse le spectateur sur l’autoroute, les voitures passant à des centimètres à côté d’un homme qui enlève les restes d’un pneu du côté de la route. On comprend immédiatement que cet homme risque sa vie et on comprend ce qui s’est passé avec la camionette cabossée. 

Ce samedi matin on s’est réveillé avec l’information d’un accident horrible. Un jeune homme, possiblement sous l’emprise de l’alcool, aurait heurté un car. Le résultat : deux morts et beaucoup de blessés. Colette Guerrard est « Intervenante Départementale de Sécurité Routière (IDSR). Elle est une des bénévoles de la sécurité routière qui gère la matinée. On retrouve Jacqueline dans son tour à travers les stands. Colette : » Les limites d’alcool pour le permis à 6 points sont de 0,2 promille et pour le permis à 12 points 0,5 promille», explique-t-elle. Dans des tableaux elle explique quel sera l’effet d’un verre de différents alcools sur le corps humain. Et elle avertit : « il faut faire une différence entre un verre qu’on sert dans un bar et un verre qu’on sert à la maison. En général on est plus généreux à la maison. Un verre n’est pas un verre ». 

Le capitaine Sylvain Lepretre, responsable pour l’action sur l’Aire du Mont Saint Michel, a mis 13 gendarmes dans l’action qui dure de 10 à 13 heures. La Gendarmerie a fait fort avec des motos, deux voitures, une présentation des moyens de contrôles comme l’éthylotest ou un kit de dépistage de stupéfiants. Les gendarmes ont distribué en plus 500 kits contre la somnolence au volant. Et: ils ont fait de la publicité pour leur profession. Deux d’entre eux de l’unité de recrutement étaient sur les lieux.

Pendant les trois heures de l’action, les gendarmes ont invité 16 conducteurs à une sensibilisation :

• cinq pour un excès de vitesse de moins de 20 kilomètres ;
• Cinq pour un manque de distance            
• Six pour un non-respect du corridor de sécurité

Chaque conducteur s’est présenté à la tournée de sensibilisation et pouvait ainsi éviter une perte de points et une amende.