Sains en Bretagne: Un village de 490 habitants, une église, une école, une mairie et un bar qui sert de mini-épicerie. Sains est un mélange de bâtiments nouveaux et traditionnels, situé dans la baie du Mont-Saint-Michel du côté breton, dans le département d’Ille et Vilaine. Sous le soleil clément d’un après-midi du mois de septembre Sains se présente comme un des villages paisibles bretons.
Vraiment ? Il y a des situations plus faciles pour un maire que celle de Nicolas Bathelier. On le sait bien, quand il y a des bisbilles dans un village, c’est toujours profond et sans merci. Si on ne s’aime pas, on ne s’aime pas. Et Nicolas Bathelier est bien servi en la matière. Il se trouve contre une opposition dans son conseil qui rend la gestion du village le plus difficile possible. Dernière situation : le budget 2024.
Le maire: « Nous avons des finances saines, nous pourrions développer notre village.” Mais : le conseil municipal est composé de 11 membres. Deux ont démissionné, cinq forment une opposition. Le maire : « Le budget se compose de 640.000 Euros pour le fonctionnement et de 268.000 Euros pour l’investissement. Nous n’avons augmenté ni la taxe foncière ni la taxe d’habitation qui existe toujours pour les résidences secondaires. J’ai prévu 200.000 Euros pour le développement du village. L’opposition, qui a la majorité, a refusé le budget. »
Seulement : Nicolas Bathelier était dirigeant d’entreprise. Les difficultés il en connait et il sait les gérer. « J’ai présenté le budget au préfet. Lui, après consultation de la chambre régionale des comptes, a validé le budget pour l’année 2024. » Mais le maire de Sains connait des problèmes qui sont beaucoup plus graves. « Il y a l’église. Nous avons très peu de catholiques pratiquants à Sains. Mais personne ne voudrait renoncer à l’église. Seulement : la loi de 1905 a nationalisé les biens ecclésiastiques. Nous possédons donc l’église. Mais pour la remettre en état, il me faut la somme de 2,2 millions d’Euros. Pour un village comme Sains une somme impossible à trouver. »
Même chose avec les anciens appartements de l’institutrice de l’école. Une belle bâtisse, mais on a constaté des fissures dans la structure. Bathelier : « par mesure de précaution j’ai fermé le bâtiment. » Depuis, les jeunes élèves se demandent quand la maison va s’écrouler. Bathelier sait qu’avec un budget de 200.000 € pour l’investissement, un village comme Sains arrive vite à ses limites, surtout si l’Etat voudrait limiter ses dotations pour le budget de fonction. Le budget de fonction risquerait alors de ne plus produire de bénéfice qu’on pourrait transférer dans un budget d’investissement.
« J’ai des combats à mener pour chaque centime de dépense » sourit-il. Et ceci malgré une philosophie d’entente qui devra améliorer la vie du village. Bathelier rêve d’un village d’unité qui se développe pour mieux vivre et où chacun fait évoluer son environnement. On peut sourire d’un poulailler communal, mais les villageois y mettent leurs déchets ménagers pour nourrir les poules. Contre une forte opposition il a accepté le cadeau de 157 arbres fruitiers d’une association normande pour créer un jardin fruitier communal. Une idée qui trace son chemin un peu partout en France et pour laquelle Bathelier peut se voir précurseur.
Le maire de Sains rencontre une opposition frontale. Rien ne va jusqu’au moment où l’opposition décide de ne plus assister aux réunions du conseil municipal. Alors il invite à des réunions extraordinaires sans quorum, à laquelle l’opposition n’assiste pas non plus. Il arrive enfin à augmenter le loyer pour le local du bar, bloqué pendant des années. Blocage aussi pour toute une rangé de maisons en face de l’église qu’il veut rénover pour créer des logements.
Si les discussions autour des projets trouvent une solution d’une façon ou d’une autre, Nicolas Bathelier se trouve désarmé lorsque l’opposition l’attaque dans la presse. Dans un article paru dans le journal Ouest-France, Jean-MarieTassel, ex-adjoint, accuse entre autres : “Nous lui reprochons(. . .) une approche pas très sérieuse des dossiers. Nous n’avons pas beaucoup vu le maire durant la première moitié du mandat. Il y a dix démissions depuis le début de cette mandature. » Une mention étonnante vu que le conseil municipal n’a que 11 membres et qu’il n’yavait pas d’élection pour le conseil municipal depuis . Après un temps de réflexion Nicolas Bathelier s’adresse au procureur de la République : On va voir s’il s’agit d’une diffamation. »
Comme si cela n’était pas suffisant, arrive maintenant la législation sur la limitation de l’artificialisation des terres. D’après le schéma de cohérence territoriale (Scot) Sains dispose tout juste de 7.000 m2, donc moins d’un hectare de terrains constructibles. Bathelier : « Nous devons rénover et restaurer et densifier pour créer des logements. Nous avons besoins de logements ». Les décisions seront difficiles à prendre avec la situation au coneil municipal. Nicolas Bathelier ne veut pourtant pas abandonner. « Nous allons y arriver », dit-il en souriant.
Sur son bureau se trouve un petit classeur qui contient un sujet à part, mais qui le fascine. « Je souhaite redonner le « t » à Sains ». De quoi s’agit-il ? « Durant la révolution et après l’installation de la loi de 1905, beaucoup de villes et villages ont perdu leur connotation religieuse. Saint Malô par exemple était devenu pendant une certaine période « Port-Malo », avant de retrouver son nom initiale. “Je souhaite redonner le vrai nom à Sains, qui était « Saints ». Nicolas Bathelier a déjà commencé à fouiller les archives pour trouver des documents avec le nom originaire. C’est encore un challenge pour le maire. Mais un qui fait plutôt plaisir.
La citation correcte et complète telle que parue dans l’article d’Ouest France, publié le 01/07/2024 édition online
« Des divergences de vues sur la gouvernance »
« Nous n’avons pas beaucoup vu le maire durant ma première moitié du mandat. Un jour, il nous a empêchés, avec d’autres conseillers, de pénétrer dans la mairie. Il y a eu dix démissions depuis le début de cette mandature. Nous lui reprochons, entre autres, une approche pas très sérieuse des dossiers. Nous savons également que les votes effectués par le maire lors des conseils communautaires sont très aléatoires, et sans véritables justifications, explique l’ex-premier adjoint. « Je pense que la situation est inextricable, nous avons des divergences de vues qui sont irréconciliables. L’attitude du maire fait du mal à la réputation de la commune. »
