On sait qu’il faut assister au concert du nouvel an de la Fondation du Mont-Saint-Michel si on veut passer un bon moment le premier dimanche de l’année. Au prieuré d’Ardevon la chorale « Freegospel » enthousiasme pendant une heure plus de 100 personnes qui remplissent la salle jusqu’à la dernière place. A la fin tout le monde est debout applaudissant en rythme.
Qu’est-ce qui c’est passé ? Gospel est une musique qui dans ses origines est l’expression des Noirs aux USA. C’est une musique qui a ces fondements chrétiens, qui traite à l’origine dans ces origines des sujets de Dieu et de la foi. La musique a découvert surtout dans les années 1960 l’expression du mouvement égalitaire et de la liberté pour la population noire. Oscar Peterson écrivait en 1962 un chant qui est devenu l’hymne pour la libération de la population noire.
La musique Gospel se chante avec tout son corps, avec des pas de danse et les mains qui battent en rythme. Ce sont des chants intenses qui motivent les fidèles à participer activement à la messe. Le Gospel à trouver son chemin dans le musical américain et dans les listes des “Bestsellers”. Il y a des chants comme « Oh happy day », développé par « the Edwin Hawkins Singers « en 1967 sur la base d’un chant religieux du 18ème siècle qui est devenu mythique. Ce chant a été vendu sept millions de fois dans le monde. “Freegospel” chante “oh happy day” dans la version de Whoppi Goldberg et Ryan Toby du film “Sister Act 2” (1993), et électrise la salle dans le prieuré.
Si jamais on est allé en Alabama, lorsqu’on a vu des voitures Honda fabriquées par des femmes noires vêtues tout en blanc vivant dans leur couleur de peau, si on a vu les Gospels dans une messe en Alabama, on comprend la vie des Noirs aux USA, on comprend aussi les détresses et les espoirs qui sont exprimés dans ces chants et quel intensité de sentiments profonds s’exprime par des « Gospel Songs. »
Et maintenant au prieuré. Un chœur de blancs qui chante des chants des « Négro Spirituals » sur Dieu, sur la liberté et sur la paix, qui danse en chantant et qui crée une atmosphère électrique. Un concert où le public joue le jeu lorsque Marie-Laure Baudin, la cheffe qui dirige le chœur, demande à ce que les plus de 100 personnes accompagnent les chanteuses et chanteurs en frappant des mains en rythme. Des blancs qui interprètent une musique profondément noire. Cette qui n’a pas été la leur mais qui est devenue universelle est jugé comme « classique » aujourd’hui.
Marie-Laure Bourdin a fondé le chœur en 1999. La flûtiste classique a spécialisé les 30 amateurs sur le Gospel et a formé un ensemble musical de haut niveau. On remarque un plaisir de chanter, de s’impliquer dans cette musique. Les deux solistes convainquent par la clarté de leurs voix et leur sûreté d’expression. Mais ce qui reste impressionnant c’est la facilité avec laquelle les 30 membres du chœur changent de rythme et des tacts au cour d’un même chant. C’est la sécurité de présenter cette musique comme la leur, qui enchante le public qui est conquis dès le premier chant. Il ne faut quand même pas oublier que tous ces chants se font en anglais ce qui demande une grande pratique de la langue anglaise.
Le concert 2025 était un « highlight » (pour rester dans la langue des Gospels), bien choisi par la Fondation du Mont Saint Michel, qui a fait passer un moment de joie au prieuré.