Grand retard pour des investissements de la ville de Pontorson mais qui devrait être rattrapé en 2024. Les projets que le maire André-Jean Belloir évoque pendant la réception pour le nouvel an sont tous connus. Il annonce des projets d’un montant financier de 13,5 millions d’Euros. L’année 2024 sera une année de gigantisme pour Pontorson avec des chantiers partout. Une situation que la ville vivra pendant 18 mois jusqu’à la fin du premier semestre 2025.
Regardons d’abord le centre de la jeunesse. On en parlait déjà avant le Covid. La pandémie avait arrêté net le projet. Et après la pandémie venaient le manque de matérie, puis l’inflation et une augmentation galopante des coûts. Au lieu de 1,9 million dont on parlait au début, on arrive à 2,7 millions et actuellement on parle de coûts d’un montant de 3,1 millions, un chiffre qu’inforama n’a pas pu vérifier par manque d’accès au dossier. Pour les limiter on reliera ce centre à la médiathèque au lieu d’en faire un bâtiment autonome. Les travaux pour ce centre ont déjà commencé raconte-t-on. C’est vrai, on a fait un parking près de la voie verte.
Un autre projet avec un montant d’à peu près d’1,1 million d’Euros est le nouveau quartier Philipotte, qui se créera entre la médiathèque, les halles de sport et la bifurcation de la rue de Rennes et la rue Philipotte, qui mène aussi à Boucey. Il s’agit d’un côté d’un vaste terrain vague d’environ 8 000 mètres carrés et de l’autre d’un bout de terrain longeant le chemin de Philipotte. C’est un programme assez lourd pensé depuis un certain temps mais ensuite décidé à la hâte parce qu’une loi contre l’artificialisation des sols avait risqué de le faire capoter. La municipalité a alors acheté les terrains et a commencé à réfléchir comment les utiliser. La viabilisation du terrain vagues était prévue pour l’automne dernier. Elle va commencer avec un retard de plusieurs mois. C’est un programme qui ne se trouvera pas sur le marché immobilier. La municipalité le commercialise directement. Il semble que la demande soit grande.
Il y a deux projets qui se réalisent avec des partenaires privés. Dix maisons et deux logements vont être créés sur l’ancien terrain de l’école maternelle près de l’église. Les terrains concernés ont été vendus à l’entreprise HLM La Rance. Les travaux ont déjà commencé avec la préparation du chantier. Sur le terrain à côté de la Gendarmerie ce seront deux filiales de l’entreprise parisienne Kaufmann et Broad, Kallilog et Héraclide, qui vont bâtir une résidence seniors avec 26 appartements, 19 maisons individuelles, et deux immeubles avec 16 appartements. Une partie des appartements/maisons sera réservée aux gendarmes d’une nouvelle Brigade, qui travailleront au Mont-Saint-Michel, mais vivront à Pontorson. Ce sera de nouveau l’entreprise La Rance qui reprendra l’ensemble pour un prix de 3,1 millions d’Euros et qui l’exploitera.
Le maire, André-Jean Belloir, lors de la réception pour le nouvel an : « au total ce seront 101 logements qui vont voir le jour. » La ville dispose encore d’une réserve de 13 000 mètres carrés derrière la médiathèque et de 34 000 mètres carrés à Caugé. Belloir : « Pontorson se donne les moyens de maîtriser son urbanisation. » Par des financements privés et publics il s’agit d’un programme d’environ neuf à dix millions d’Euros qui va être lancé en 2024.
Cette tranche de projets de logements se fera durant toute l’année 2024 et se terminera en 2025.
A part la mobilisation pour le logement il y a le grand projet autour de la gare. Le projet est composé de quatre phases : la création d’un grand parking avec gare de bus, la restructuration du parvis de la gare, la démolition de l’ancien bâtiment Districenter et enfin la création d’une nouvelle place. Les quatre phases ont été votées par le conseil municipal.
Les travaux pour le parking et la gare des bus sur le terrain de l’ancienne gare de marchandises sont prévus pour le printemps 2024. En hiver 2024 jusqu’au printemps 2025 on travaillera sur la restructuration du parvis de la gare. La municipalité se montre fière d’avoir une gare à Pontorson. En temps normal il y a tout juste deux trains par jour et la gare est fermée. De juin à septembre la gare ouvre et un train amène des touristes de Paris le matin et les reprend le soir pour rentrer à Paris. « En 2024 ce train a transporté 28 000 passagers » raconte le maire.
La troisième phase sera la démolition du bâtiment Districenter. « Nous sommes officiellement propriétaires de l’ancien Districenter depuis décembre 2023 », dit André-Jean Belloir dans son discours pendant la réception pour le nouvel an. La ville a confié la mission de déconstruction à l’Etablissement Public Foncier de Normandie. Puisque le bâtiment a été isolé à l’amiante à l’époque de la construction, un expert a discuté des inconvénients, des dangers et des dommages éventuels avec les propriétaires des maisons et des commerces de la rue du Dr. Tizon. Ceci était nécessaire puisqu’il existe des restaurants avec des terrasses en face du Districenter dans cette rue.
La quatrième étape sera la création d’une place à l’endroit du bâtiment existant. Le maire avait lancé l’idée d’un marché du dimanche, il y a aussi l’idée de concerts de jazz autour de l’apéritif le dimanche matin. Actuellement il y a deux magasins vacants dans la rue. Depuis la fermeture de l’épicerie en janvier 2023 il manque une épicerie fine à Pontorson. Et le boucher n’a pas trouvé de repreneur. Le programme pour une gare modale se chiffre à 4,1 millions d’Euros.
Comment la ville de Pontorson va-t-elle financer un programme de 13,5 millions en tout pour les années 2024 et 2025 ?
D’abord : cette somme découle d’une ingénierie financière sophistiquée de subventions de l’Union Européenne, de l’Etat, de la région, du Département, de l’agglomération, de la participation de la municipalité et pour une grande partie des investissements privés. Dans chaque cas la ville est gagnante.
Regardons le financement projet par projet. Il faut dire que la transparence de la municipalité pontorsonnaise n’est pas la meilleure, pour ne pas dire non-existante. Les journalistes ne reçoivent plus les synthèses des sujets des réunions du conseil municipal. Un compte rendu sur internet n’existe plus. Il était partiellement impossible de vérifier des chiffres.
Dans le projet Philipotte la ville a dû payer l’achat du terrain (à un prix favorable) et a dû payer les fouilles archéologiques, le notaire, la viabilisation etc. La dernière somme prévue dans le budget est de 1,1 million d’Euros. Ces frais sont couverts par les bénéfices du budget de fonction qui sont transférés dans le budget de l’investissement. L’opération immobilière en soi devrait être une opération à coût zéro. La municipalité a décidé de demander aux acheteurs une avance sur la somme d’achat d’un terrain qui réduirait le prix du mètre carré à autour de 65 à 67 Euro. Le dossier de l’opération n’a pas été communiqué à la presse. Toute l’action Philipotte devrait sensiblement renforcer les recettes de la ville à partir de 2025, l’année où les acheteurs reçoivent pour la première fois une facture pour la taxe foncière.
Dans l’opération des maisons près de l’église, la création des 10 maisons et deux appartements ne coûtera rien à la ville, mais apportera au contraire des recettes. Une vente d’une partie de l’ancien terrain de l’école maternelle rapporte de l’argent. Le montant n’est pas connu. Une fois les maisons érigées et loués, la ville encaisse la taxe foncière à partir de 2025.
Regardons le terrain à côté de la Gendarmerie. L’opération de vente et d’achat est une opération privée. Les acheteurs portent les frais de notaire par exemple et les frais de construction. La société HLM La Rance va acheter tout le complexe bâti pour 3,1 millions d’Euros. La municipalité ne débourse rien, sinon la réfection des chemins d’accès, mais gagne quand même. Elle reçoit actuellement une taxe foncière pour un terrain non bâti. La taxe foncière pour un terrain bâti est à peu près huit fois plus élevée que pour un terrain non bâti. Pontorson gagne autrement dans cette action. Les gendarmes qui devront assurer la sécurité du Mont-Saint-Michel seront logés dans les maisons construites sur ce terrain et leurs enfants assureront l’avenir des écoles de la ville.
Le centre de la jeunesse est un sujet difficile. Un premier prix était de 1,9 millions d’Euros. Un deuxième prix de 2,7 millions. Et maintenant on parle de 3,1 millions. Ce chiffre n’a pu être vérifié, le dossier n’a pas été ouvert pour la presse. Ce qu’on se raconte pourtant, c’est que l’adjointe au maire, Véronique Delépine, aurait mené de dures discussions avec l’architecte et l’agglomération Avranches Mont-Saint-Michel, qui porte la majeure partie des coûts de la construction. Le dernier montant connu pour la participation financière de Pontorson serait de 270 000 Euros, chiffre non vérifiable. Des villages voisins de Pontorson participent, eux aussi, aux frais de construction.
La gare modale à la fin sera la pièce maîtresse dans la mandature actuelle. Parking, parvis et la future place Dr. Tizon se trouvent avec 4,1 millions d’euros dans le plan pluriannuel du budget de la ville. Vu que le budget de fonctionnement de 2022 rapporte un solde positif en hauteur de 2,284 millions d’Euros. Le montant du projet n’a rien d’effrayant pour Pontorson.
La ville qui, au bout de 10 ans, a rattrapé un retard criant de son développement, a su développer aussi une expertise dans le financement des projets. Pontorson aurait vraisemblablement pu financer le projet, mais l’équipe du conseil municipal sait aujourd’hui où trouver l’argent pour le financement. La gare modale est un projet de reconstitution d’un quartier de la ville avec des conséquences d’infrastructure, des conséquences économiques et aussi sociales. Les plans que deux bureaux d’études ont élaborés et que le conseil municipal a votés, sont partiellement discutables. Mais ce sont des plans qui ont convaincu le fonds Feder de l’Union Européenne, l’Etat, la région, le Département. Les maîtres de la finance communale, qui savent où trouver l’argent, ont reçu des subventions en hauteur de 80 %, le maximum qu’on puisse atteindre. Autrement dit : Pontorson reçoit 3,2 millions d’Euros de subventions et participe avec 900 000 Euros à la création de la gare modale.
Si on additionne les sommes à investir en 2024/2025, privé et public tout confondu, on arrive à 13,5 millions d’Euros. La ville elle-même va débourser de sa caisse 2,8 millions d’Euros si on inclus les frais de développement du quartier Philipotte en hauteur de 1,1 million. Cette somme dépasse à peine le solde du budget de fonction de l’année 2022. Si tout est réglé à la fin 2025, l’équipe de la mairie peut présenter pour les prochaines élections communales une ville qui s’est considérablement modernisée.
LE COMMENTAIRE
Le programme dense d’investissement de la ville de Pontorson est un programme local énorme public/privé de conjoncture sur une période de 18 mois. Il ne va pas s’arrêter avec les mesures décrites dans cet article. On peut compter avec au moins un autre million d’Euros d’investissements par les acheteurs des terrains qui vont construire leurs maisons. Le BTP va pouvoir profiter de ce programme aussi bien que l’artisanat périphérique comme les électriciens etc. Le programme pontorsonnais aura des effets économiques largement au-delà de Pontorson. Un autre effet sera une demande accrue pour les commerces dans Pontorson et dans les villes de voisines. Et ce sera là que le bât blesse. Pontorson se vante d’avoir des commerces tandis que dans les villes de voisinage les commerces auraient largement disparu. Ce n’est que partiellement vrai. Une des suites de ces projets sera une population exigeante. En se promenant dans les rues de Pontorson on trouve trop de locaux commerciaux vides et des affaires périphériques. Ce qui manque à Pontorson c’est un plan de développement attractif économiquement du centre ville. Ce qui manque aussi, c’est un plan de développement médical. Trois médecins généralistes ne suffisent pas. Un centre de jeunesse avec une crèche nécessite automatiquement un pédiatre. Ce qu’il faudrait ce serait où bien un centre médical tout à fait nouveau, ou bien une coopération avec des villes de voisinage comme Pleine-Fougères où exercent des cardiologues. Un simple agrandissement de la maison de santé ne suffira pas.
Pontorson jouit du grand avantage que l’équipe municipale a continué à réaliser un plan de développement pendant 10 ans. Ce plan s’achève. On a presque tout construit ou on va le faire. Ce qu’il faut c’est un nouveau plan, celui de qualité de vie. Une ville n’est jamais complète. Pontorson est en train de terminer un programme de « hardware ». Manque maintenant le programme de « software » pour y pouvoir vivre plus agréablement. Manque en plus l’influence plus grande dans la politique de l’agglomération Avranches Mont-Saint-Michel. Au plus tard à la fin du programme actuel la ville ne sera plus « une souris grise », mais une ville qui peut se permettre de se faire entendre.
Cette version de l’article a ete grammaticalement corrigée. Le contenu corrigé sur le nombre de maisons a construire sur le terrain vague de 8.000 mèetres carrés.
