Un client sur deux dans la zone de chalandise de la caisse de Pontorson est client du Crédit Agricole. La banque « hérite » très souvent des clients de génération en génération. Mais les chiffres que le directeur de cette caisse a présentés début mars montrent que le Crédit Agricole gagne de nouveaux clients qui s’élèvent autour de 2 800 actuellement.
Le Crédit Agricole a l’habitude de gâter ses sociétaires. Il verse autour de 90 % de ses bénéfices nets à ses sociétaires. « Nous sommes une banque avec une pyramide inversée » explique Christophe Baisnée dans un entretien avec « l’Inforama ». « Les caisses locales en Normandie sont les sociétaires de la caisse régionale de Normandie. La caisse régionale de Normandie et les autres caisses régionales tiennent 25 % du Crédit Agricole SA, coté en bourse. » Donc : les 39 caisses régionales sont l’actionnaire de référence du Crédit Agricole SA, un rempart contre tout attaque boursière.
De l’autre côté la Société Anonyme verse des dividendes aux caisses régionales, qui, elles, versent des intérêts aux caisses locales qui sont leurs sociétaires. Par conséquent le résultat brut en hauteur de 74 000 Euros contient aussi des dividendes et intérêts des autres entités. C’est pourquoi le Crédit Agricole se considère comme une « pyramide renversée ».
Mais même si une attaque boursière était lancée, « elle concernerait le cours de l’action, donc les actionnaires, mais en rien la solidité de la banque » explique le directeur général, Philippe Brassac dans un entretien dans l’émission « Good Morning Business » de la station BFMTV. Brassac, aussi président de l’association des banques françaises, essaye d’enlever la peur d’une nouvelle crise de finance aux spectateurs de l’émission. « Après la crise des années 2007/2008 les règles pour les banques ont devenues très sévères » explique-t-il. L’interconnexion de l’époque n’existe plus. Les banques sont responsables de ce qu’elles font. Il accentue : « le Crédit Agricole dispose de liquidités de 427 milliards d’Euros ».
La caisse de Pontorson du Crédit Agricole a des crédits en cours hauteur de 112 millions d’Euros. La moitié de cette somme revient aux crédits de l’habitat », explique Christophe Baisnée. « Mais la demande se tasse actuellement ». Il y a deux raisons pour cette tendance. « D’un côté nous avons en France la règle que l’en cours des ménages ne doit pas dépasser 35 % de leur revenu, ce qui représente une très forte limitation. De l’autre ce sont les intérêts qui augmentent et présentent un obstacle ». Le taux d’usure a été augmenté à 4,24 %.
Philippe Brassac, interpellé par les journalistes de BFMTV sur ce sujet : « Contrairement à d’autres pays, 96 % des crédits pour l’habitat sont alloués avec un taux fixe. Déjà en calculant les frais pour le financement d’une maison, on connait la somme qu’on doit régulièrement payer pendant 20 ou 25 ans. Puisque les taux de financement pour les maisons sont fixes, les conditions de financement sont claires pour les banques aussi bien que pour les propriétaires pour une très longue période.
C’est une grande différence par rapport aux États-Unis qui travaillent avec des taux variables. En 2007/2008 la crise a éclaté parce que les emprunteurs ne pouvaient plus payer les traites pour les crédits, lorsque les intérêts avaient augmenté. Les banques américaines avaient vendu ces risques mondialement. C’est cela qui avait déclenché une crise mondiale de la finance. La situation actuelle n’est pas comparable.
Dans la réalisation des en cours des crédits, le Crédit Agricole a débloqué l’année dernière 26,7 millions d’Euros en tout, dont 14,7 aux particuliers, 7,2 dans l’agriculture et 4,7 pour des professionnels. Dans les emprunts pour les particuliers se cachent à côté de l’habitat, les achats de voitures ou d’installation comme cuisine ou meubles. Baisnée : « La partie agricole se trouve en seconde place, mais cela peut changer, une ou deux grandes opérations comme la vente d’une ferme peuvent changer le classement. »
Un sociétaire de caisse d’une banque mutuelle comme le Crédit Agricole sait qu’il adhère à une philosophie spéciale. Son argent sera directement investi dans l’économie locale. L’investissement conservateur est une assurance pour le sociétaire. Il sait qu’il paye cette philosophie avec un rendement moindre. La caisse de Pontorson verse plus de 90 % du bénéfice net à ses sociétaires. Le rendement de leur capital pour l’année 2021 est de 2,2 %, 35 points de base de plus que l’année d’avant. Et la caisse peut se permettre de verser tout juste 9,2 % du bénéfice net dans des réserves qui atteignent plus de 800 000 Euros. On comprend que le directeur mène les éternelles discussions sur le rendement pendant la réunion des sociétaires avec un sourire. Il sait que sa caisse du Crédit Agricole de Pontorson va bien.