Marie à l’Abbaye

La foule se presse dans la petite rue principale du Mont Saint-Michel. On marche en colonne sur les remparts quand on redescend de l’Abbaye. Au milieu de la Merveille un plateau avec des affiches, une petite tente au milieu où un homme est assis et travaille.

Le plateau est un havre de paix au milieu du bruit et des langues de tous les pays qu’on peut entendre. On y entre et on se tait, reste tranquille devant les grands panneaux en lisant des explications. Et surtout on ne veut pas déranger l’homme très concentré qui travaille la pierre devant lui. Quand on regarde le plateau et l’homme, on comprend qu’on est sorti pour un moment du chahut touristique qui imprègne la Merveille le jour de la fête nationale française. On est entré dans le religieux. Et la question qui est posée maintes fois le fait comprendre : « est-ce que la messe a lieu à 11.45 h ? »  

Le travail concentré d’un artiste qui travaille avec précision. (c) wy.

Dimitri Charrault a 42 ans. Il est sculpteur statuaire et spécialiste en restauration de sculptures. Il vient de Cherbourg en Cotentin. Et maintenant il se trouve sur le parvis du monument, juste devant la montée des marches vers l’abbaye. Il a commencé sa carrière en tant que tailleur de pierre. En tant que tailleur et restaurateur, il a déjà sa réputation. Il a coopéré entre autres aux travaux de restauration de la cathédrale de Rouen.

Chez lui, à Cherbourg, il travaille dans une maison avec deux ateliers. Sa femme Cécile exerce la même profession. Ils se sont connus lors de leur formation en tant que tailleur. « Mais nos styles sont un peu différents. C’est pourquoi nous travaillons chacun dans son atelier. » Il avoue qu’on s’influence quand même mutuellement. « On se fait des remarques et donne nos avis. Cela nous aide à mieux travailler ».

Le travail d’un sculpteur de pierre et unique. Lorsque Dimitri Charrault se trouve devant un bloc de pierre, il s’imagine la sculpture qu’il veut faire, commence à faire de petits dessins sur le bloc, pour s’orienter. Sur le parvis du Mont il travaille sur une statuette de la vierge Marie, frappe prudemment avec un petit marteau sur un petit ciseau pour modeler une jambe de la figure.

Les dessins laissent supposer quel air la couronne aura définitvement (c) wy.

Il avoue qu’on puisse travailler aussi soigneusement que possible, mais, « Les accidents sont toujours possibles. On a peur de casser un nez, par exemple. On pourrait le recoller. Ce serait invisible. Mais cela resterait toujours une statue accidentée. » Cette figure », il en est sûr, « ne verra pas un tel sort ».  

Travailler au Mont Saint-Michel le rend fier. « C’est un honneur de travailler sur ce lieu », dit-il. C’est le hasard qui a bien fait les choses. Frère Théophane de la confrérie de Jérusalem est son contact sur Facebook. Dimitri Charrault : « C’est un contact sans qu’on eût été spécialement en échange. Mais un jour il m’a contacté et il m’a demandé si j’avais envie de travailler une semaine sur le parvis pour faire savoir comment un sculpteur crée ses œuvres. » Une demande qui ne se refuse pas. Alain Charrault expose en même temps ses sculptures sous sa tente ouverte. Il en a vendu deux pendant la semaine de travail au monument. On peut encore le voir sculpter jusqu’ à dimanche soir, 16 juillet 2023. Lorsqu’ on quitte le Mont Saint-Michel les cloches sonnent. Il est midi, la messe a commencé.

Dimitri Charrault; E-mail : ateliercharrault@gmail.com; Web : ateliercharrault.fr

Qui est l’association Robert de Torigni ?

L’Exposition sur les 1000 ans de l’Abbaye Mont Saint Michel est faite intelligemment. Ce sont de grandes photos avec des textes explicatifs. L’association Roger de Torigni propose en plus des textes français une version concise en anglais. Ceci a un avantage : sur le chemin de l’Abbaye les visiteurs prennent un moment de repos en se promenant sur le plateau, en regardant les grandes photos et en observant le sculpteur dans son travail. Les textes en anglais s’adressent au public international qui se promène au Mont Saint-Michel.

Une des affiches pour expliquer 1000 ans d’histoire (c) wy.

L’association Robert de Torigni a été créée en 2007. Elle organise des manifestations telle que pèlerinages, lectures, spectacles, retraites, festivals, expositions sur ou autour du Mont Saint-Michel. L’association a créé depuis deux ans une crèche durant la période de Noël sur le « Parvis de la Croix de Jérusalem ». Dans son travail l’association est soutenue entre autres par la Fondation du Mont Saint-Michel, ou le groupe de pesse Bayard et des Mécènes privés.

Qui est Robert de Torigni ?

Robert de Torigni est né à Torigni en 1106. Il est décédé en 1186 au Mont Saint-Michel. Il se fait moine en 1128, élu prieur en 1149. En 1154 les moines du Mont-Saint-Michel le choisissent comme abbé. Robert de Torigni sort l’abbaye d’une situation matérielle difficile et réinstaure la paix et l’ordre moral. Il assure une stabilité matérielle du monument.  

Le XIIème siècle était le grand siècle religieux du Mont Saint-Michel (c) wy.

L’époque de Robert de Torigni est une grande époque du Mont Saint-Michel. Le monument devient un centre rayonnant de la culture intellectuelle au moment où en Bourgogne la lente destruction de Cluny commence. Le Mont Saint-Michel devient en plus un centre de la vie religieuse. Il double le nombre des moines de 30 à 60. La bibliothèque devient célèbre et compte pour être la meilleure en Normandie. Le scriptorium, dont Avranches profite aujourd’hui, se distingue par ses textes de philosophie et de sciences à côté des textes religieux. Les textes racontent la religion. A la mort de Robert de Torigni le Mont Saint-Michel est devenu un centre incontournable de la religion catholique. 

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