Exercice de grande envergure : on évacue le Mont

Autour de 200 personnes participeront à un grand exercice de toutes les organisations de sauvetage au Mont Saint-Michel jeudi prochain, le premier grand exercice depuis cinq ans.

Le Mont Saint-Michel avec sa structure du Moyen-Âge est difficile à traiter en cas de feu ou d’accident. Le sous-préfet d’Avranches, Gilles Traimond, réunit tous les mois pompiers, gendarmerie, police pour évaluer la situation du Mont Saint-Michel, pour découvrir les points faibles sur lesquels il faut travailler.

Enfin de compte cela ne suffit pas. Il faut s’exercer dans la réalité. Les pompiers de Lorraine et du pays voisin allemand se sont rencontrés régulièrement pour discuter une coopération en cas de catastrophe. Mais lorsqu’ils se sont rencontrés dans un exercice transfrontalier, ils devaient constater que les raccordements du camion citerne allemand et des tuyaux français ne correspondaient pas. Les Allemands avec de l’eau et les Français avec les tuyaux se trouvaient alors devant le feu sans pouvoir rien faire. Après l’exercice transfrontalier les pompiers des deux savaient ce qu’ils avaient à faire.

« Le sens de l’exercice de jeudi prochain », explique Gilles Traimond, « est de regarder comment les différentes unités communiquent ; il faut voir si les fréquences de communication sont coordonnées, il faut voir si le travail des différentes unités comme par exemple les pompiers et les infirmiers est concordant. Il faut aussi examiner le comportement des gens, parce qu’on va évacuer le Mont Saint-Michel. Une exception ; s’il y a des touristes dans les hôtels qui veulent rester dans les chambres, on ne va pas les évacuer. Ils peuvent rester dans leurs chambres, mais n’ont pas le droit de sortir. »

Conférence de presse (de g. à d.) : Thomas Velter, directeur Établissement public du Mont ; Gilles Traimond, Sous-préfet d’Avranches ; François Flahaut, directeur du cabinet du préfet de la Manche et dirigent de l’exercice ; Jacques Bono, maire de la commune du Mont Saint-Michel. ©wy.

La préfecture de la Manche prend cet exercice très au sérieux. François Flahaut, ancien commissaire divisionnaire de la police nationale et depuis 2021 sous-préfet et directeur du cabinet du préfet, dirigera l’exercice, dont on ne révèle pas les détails. Ce qu’on sait, c’est qu’on va installer un avant-poste médical et que le SAMU sera alarmé. L’hélicoptère par contre ne sera pas alarmé et la société de sauvetage en mer non plus. François Flahaut avoue qu’on a choisi une situation idéale. Il sera morte eaux et on commence l’exercice à un horaire plutôt faible quant aux nombres de touristes. « On a cherché des conditions idéales, parce qu’on voudrait surtout voir la coopération des différentes unités. »

Ces unités vont arriver avec du personnel impressionnant : les 72 pompiers, la gendarmerie avec 50 à 60 personnes, 60 élèves qui vont jouer les figurants blessés, en plus la police municipale et aussi des unités de l’opération sentinelle, c’est à dire des groupes mixtes de la police et de l’armée. Et n’oublions pas les pompiers bretons d’Ille et Vilaine.

François Flahaut feuillète bien dans son dossier. On peut poser des questions insistantes, les deux sous-préfets restent sur leur position. Malgré l’impressionnant dispositif, on ne dit rien sur le scénario. Même Sébastien Lesage, colonel du groupement de la Gendarmerie du Département de la Manche, n’a aucune idée de quoi il s’agit, aussi bien que les pompiers. Tout le monde va arriver sans savoir quelle situation se présentera.

Il y a une autre inconnue dans cette affaire. Quand il se passe un accident réel, ou une catastrophe, les secours mettront entre 20 et 30 minutes pour arriver au Mont. C’est-à-dire que ce sont les commerçants et les habitants qui par leur action prennent des décisions sur l’ampleur des dégâts. La question qu’une représentante des commerçants posait si on « avait le temps de faire payer les clients », n’était peut-être pas la bonne. Un cas réel ne s’annonce pas huit jours avant. Et quand il arrive, il faut agir. Si on fait d’abord payer le client il n’y a peut-être plus rien  à « commercer » après.

Par ces portes étroites le Mont Saint-Michel sera évacué.  ©wy.

Mais puisque l’action des commerçants et des habitants est primordiale on devrait peut-être poser des questions : Est-ce que toutes les maisons possèdent un extincteur ? Est-ce que les gens savent l’utiliser ? Est-ce que les commerçants, leur personnel et les habitants sont capable de faire des gestes de premiers secours ? Est-ce qu’ils savent utiliser un défibrillateur ? Et est-ce qu’ils savent où ils se trouvent ?

La question de la représentante des commerçants ouvre peut-être la brèche pour une action d’envergure tout à fait différente au Mont Saint-Michel pour le sous-préfet d’Avranches, les pompiers à Pontorson et les gens du Mont Saint-Michel.

D’ailleurs : Les sous-préfets insistent que ce qui se passera jeudi prochain, aussi impressionnant qu’il soit, n’est qu’un exercice.

Alors on répète volontiers : ce qui se passera le 30 mars de 17h00 jusqu’à 19 h au Mont Saint-Michel n’est qu’un exercice, quoi qu’il arrive. 

Auteur/Autrice

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Back To Top