La Banque Centrale Européenne (BCE) est convaincue que l’inflation en Europe s’installe pour longtemps. Son but est de la baisser à deux pour cent. C’est le taux qu’elle considère comme celui de la stabilité pour l’Euro. Actuellement l’inflation dans la zone Euro se trouve à 6,1 %. Pour le baisser elle a augmenté les intérêts à 4 % ce jeudi, 15 juin 2023.
Qu’est-ce que cela veut dire ?
Les banques qui veulent se financer auprès de la banque centrale, doivent payer ce taux. Si, par contre les banques « parquent » de l’argent à la BCE, elles recevront des intérêts autour de trois pour cent.
Les clients devront – eux – payer des intérêts plus élevés. Au bout d’un an les taux pour les crédits immobiliers ont augmenté à quatre pour cent et ce ne sera pas encore fini. Les taux de l’immobilier vont grimper vers cinq pour cent et peut être plus.
Les augmentations de la BCE vont créer une avalanches d’augmentations de taux pas seulement dans les crédits d’immobilier mais aussi dans les crédits de consommation. Les obligations avec un taux inférieur vont perdre de la valeur. Les nouvelles obligations par exemple de l’Etat français vont coûter plus cher et augmenter le coût de la dette. Le taux d’inflation en France s’élève à 5,1 % au mois de mai. Mais les taux composant l’inflation française sont partiellement beaucoup plus élevés (voir le tableau).
Cette augmentation des taux ne sera pas la dernière dans la zone de l’Euro. La BCE est décidée à réduire l’inflation vers les deux pour cent. Les médias allemands citent la directrice Isabel Schnabel qui veut voir des « preuves convaincantes que l’inflation retourne au but de deux pour cent. Nous n’y sommes pas encore.»
La ville de Pontorson se projette à un grand programme immobilier pour le quartier de la Philipotte. En automne on veut y commencer la viabilisation de presque 8 000 mètres carrés pour y faire construire des maisons individuelles. D’après des informations d’inforama le prix du mètre carré de terrain devrait s’approcher des 60 Euro d’après une source proche du dossier
La ligne stricte que la BCE exerce a des conséquences sur les plans locaux de la région. Presque toutes les villes et villages ont créé des programmes de construction et se font la concurrence à la recherche de jeunes familles qui veulent bien construire, envoyer les enfants à leurs crèches et à leurs écoles.
L’achat du terrain et la construction d’une maison seront difficiles sous les conditions actuelles. L’achat du neuf a chuté de près de 42 pour cent en France d’après un article du journal économique « Les Echos ». Les banques ont changé de méthodes. Fini l’époque de l’argent facile. On retourne aux méthodes classiques. Pour le financement d’un projet l’apport de 20 % à 30 % de la somme du crédit est redevenu la règle. Ensuite vient le système des « 30 % ». Les dettes ne doivent pas dépasser un tiers des revenus. Et tandis qu’ailleurs en Europe on finance une maison sur 30 ans, on ne dépasse pas les 25 ans en France. Vient en plus une habitude des banques qui veulent s’assurer de la bonité du client. On souhaite voir les extraits du compte sur quelques mois. Cela fait beaucoup de grillages qui encadrent l’achat ou la construction d’une maison.
Ceci ne veut pas dire qu’on ne puisse pas surmonter des difficultés. Avec un PEL ou une assurance vie on pourra toujours entrer dans une ingénierie financière qui permet de réaliser le souhait de vivre dans ses propres murs.
Il ne faut pas se faire d’illusion. Les taux d’intérêt des crédits pour l’immobilier auront tendance à s’accrocher vers les cinq pour cent. Les nouvelles normes d’isolation et de chauffage ne sont pas faites pour baisser les prix de la construction. Des jeunes familles vont vite arriver à des limites de financement. Les experts de l’immobilier – cités dans Les Echos – constatent que, sur le plan national d’un côté la demande baisse et de l’autre ce sont plutôt des familles aisées, exigeantes pour les produits, qui achètent. Ceci soulève la question en général si la stratégie de la politique communale est la bonne. Mais c’est un problème différent qui émane néanmoins d’une décision de la BCE, qui est bien décidée à continuer sa lutte contre l’inflation.
Qu’est-ce que cela veut dire pour l’épargne ?
Sur les marchés sur des matières de base on voit deux tendances contradictoires. Les prix de l’énergie dans les contrats à termes baissent. Mais on voit déjà une tendance pour l’automne d’une augmentation du prix de gaz: La France doit clarifier sa politique des réacteurs nucléaires. Le « gendarme du nucléaire » pense que neuf réacteurs ne vont pas arriver à l’âge de 60 ans. Il s’alarme de nouvelles défaillances des tuyaux d’acier dans les réacteurs de 900 et 1 300 Mégawatts. Et il faut voir que la sècheresse pourra créer des problèmes de refroidissement des réacteurs. Donc : il n’est pas sûr que les prix de l’énergie – surtout de l’électricité – baisseront à la longue. La guerre en Ukraine pourra de nouveau poser la question de la récolte des grains. Vient – encore une fois – la sècheresse qui menace les récoltes – par exemple des fruits ou des olives.
Le gouvernement français fait tout pour faire baisser les prix des composants du « camembert de l’inflation ». Le ministre de l’économie, Bruno le Maire exerce une pression extrême sur la grande distribution pour baisser les prix. Mais, si les conditions de production ne s’y prêtent pas, on doit toujours calculer avec des prix d’alimentation élevés. Bruno Le Maire pense pouvoir baisser le taux d’inflation vers 4,7 %. Mais il n’a rien en main pour pouvoir y arriver.
Le taux d’intérêt de 3 % pour le livret A et DD attire l’épargne. Le taux de 6,1 % pour le livret d’épargne populaire est limité pour les petits revenus. Les traitements des sociétaires des banques mutualistes sont discutables. Le Crédit Agricole de Pontorson est allé à sa limite avec une augmentation de la rémunération du capital de 1,85 à 2,2 %. Le Crédit Mutuel de Pontorson avait doublé la rémunération de ses sociétaires de un à deux pour cent. Mais par rapport à son résultat c’est toujours une rémunération pauvre. Le CIC propose en plus un plan d’épargne sur cinq ans avec un taux moyen de trois pour cent. Tout ceci n’est pas convaincant pour l’épargnant qui, tout en voulant épargner, perd de la valeur de son argent.
Une discussion remarquable
A la fin de la réunion du conseil municipal de Pontorson dans la Baie du Mont Saint-Michel du 9 février 2023 s’est développée une discussion remarquable. Inforama publie ci-après le contenu tel qu’il est documenté dans le compte rendu de la réunion.
« Monsieur le Maire interroge les conseillers municipaux sur leur souhait de mettre en place des tarifs différenciés pour la vente des terrains des lotissements afin de faciliter l’installation de familles avec des enfants pour maintenir les effectifs des écoles. Mme Roger Théault estime que ces familles s’installeront dans des Communes où les terrains sont moins chers si un tarif différencié n’est pas mis en place. M. le Maire répond que les tarifs de Pontorson ne seront peut être pas plus chers qu’ailleurs, que ces familles auraient pu ou pourraient acheter les terrains des lotissements précédents dont les prix étaient peu élevés. Les services de la Commune se rapprocheront de la mairie de Saint Quentin pour connaitre leur démarche. Mme Chauvin propose de tenir compte des revenus des foyers, M. Georges n’est pas opposé au principe même s’il considère qu’il instaure une discrimination. M. Royer rappelle que la principale difficulté pour le logement aujourd’hui est l’augmentation des gites et B and B Les conseillers souhaitent que la réflexion sur l’instauration de tarifs différenciés soit poursuivie. »
En public la discussion n’a pas été poursuivie. Il faudrait peut-être annoter que le prix de vente se calcule toujours d’après ses coûts. Et il faudrait peut-être annoter que l’instauration «d’un prix social» serait une subvention qui serait portée par tous les autres propriétaires dans la ville qui ont payé le juste prix pour leurs propriétés et qui payent les taxes foncières. Il faudrait rappeler ensuite que le principe « d’un prix social » dans le « housing » pratiqué aux USA a mené à une crise mondiale de la finance en 2007. Il ne faudra peut être pas faire les mêmes erreurs sur le plan local. Et, dernière annotation : il faudrait peut-être comparer ce qui est comparable : crèche, écoles, transports publics, magasins, cadre de vie, donc une infrastructure qu’on achète aussi. Il y a le principe dans la vente de présenter d’abord le positif. Argumenter par un prix subventionné n’est pas positif à priori.