Images d’une exposition

Le weekend du 1er mai était le weekend d’une exposition d’art à Pontorson. Le groupement d’art (GAP) présentait le travail de ses  membres. Une exposition pleine de surprises en cette année 2023.

Nouveauté dans le vernissage, un groupe musical de l’école de musique de Dol de Bretagne (c) wy.

Le GAP avait invité : samedi soir vernissage de l’exposition. De la musique résonne dans la salle des fêtes de la mairie, atmosphère joyeuse dans une salle avec des tableaux et des sculptures. On innove, fait du vernissage un événement. Autour de 150 personnes s’y sont retrouvées. Beaucoup de monde qui applaudit les musiciens, qui discute avec les artistes, se fait expliquer leur travail. L’atmosphère est détendue. Le vin d’honneur est devenu un peu moins important, il doit attendre.

Parmi les invités le maire de Pontorson qui vient rarement à de telles occasions. Joueur d’équipe, il laisse la culture à son adjointe Christelle Dobetzky et s’excuse presque auprès d’elle que c’est lui  qui prononce quelques mots de bienvenue. On y trouve aussi le maire de Pleine-Fougères, Louis Thébault. La coopération dans l’art est étroite, le GAP participe à l’exposition Pleinart à Pleine Fougères début novembre. Puisque le Couesnon est toujours la frontière entre la Normandie et la Bretagne, les deux maires ironisent sur un sommet normand/breton dans leurs petites allocutions.

Les maires des deux côtés du Couesno,n, André-Jean Belloir (a.g) et Louis Thébault, Pleine-Fougères (a.d.) (c) wy.

L’exposition de l’année 2023 a apporté à beaucoup d’égards autant de contrastes que de surprises. Françoise Pelé restait dans la peinture traditionnelle de la nature. Remarquable la finesse de sa tête de cheval. Dominique Bretteville arrivait avec ses motifs préférés, le Mont Saint Michel et les Moutons. Ce qui correspond à l’ère du temps. La ville de Pontorson change carrément de caractère et se voit comme cité du mouton pré-salé. Dominique Bretteville s’approche de la peinture naïve.

 Mais en vérité la version 2023 était caractérisée par la peinture moderne dans ses différences.

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Regardons Gilbert Denou, le « nouveau » dans le cercle du GAP. Dans la conférence de presse il s’était présenté avec une œuvre tout à fait classique. A l’exposition il arrive avec de longs bouts de bois, peints en blanc et des compositions de fleurs qui tombent du haut vers le bas. Il part d’un bleu/rouge fort qui capte le regard et passe vers des compositions plus douces. C’est de la peinture acrylique. Il souffle sur la peinture et la retravaille avec un pinceau.

 

(c) (wy.)

Les pièces maîtresses sont grandes, blanches, captent la vue dès qu’on entre dans la salle. Corinne Pluchard s’est limitée au strict minimum. Un point de départ et quelques lignes rouges. Sa façon de faire est originale. « Je parle mes tableaux » dit-elle. Et elle les écrit par des lettres dans des traits. Elle ne travaille pas avec un pinceau mais un bout de carton. Pleine de sensibilité elle est au fond une poète qui transforme sa poésie en peinture abstraite. Son recueil de poésies est plein de petits textes et de longs vers que l’on aime lire et réciter. Pendant tout le temps de l’exposition elle peint dans son bloc notes de brouillon qui est un trésor en soi.

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Il aura fallu voir les tableaux de Fabienne Arias Petit. Les trois tableaux d’études de perspectives sont l’aboutissement d’un long chemin pour elle. On se sent tout petit en observant des bâtiments du haut en bas ou le long d’un mur d’une maison, voyant les lignes des fenêtres qui se perdent vers la fin du bâtiment. Elle exprime avec excellence ce que l’on ressent dans ces situations. Son catalogue est plein d’images de toutes couleurs avec ses études de perspectives. «Maintenant c’est terminé » dit-elle avec détermination dans l’entretien avec inforama. Elle est arrivée au bout de ce qu’elle voulait exprimer. Elle rit, en l’annonçant sans pourtant dire ce qu’elle va faire. Suspense.

(c) wy.

Arrivons enfin à la présidente du GAP, Sabine Paszinski. C’est l’abstraction totale qu’elle pratique. Des couleurs, des mouvements énormes comme un ouragan qui emballent et emportent le regard du spectateur. Expression de cette femme toujours retenue, réfléchie et posée ? Pas du tout, c’est calculé. Il y a pourtant un tableau qui surprend parmi ces turbulences. Des couleurs douces, et uniquement des surfaces composées. Une toile attachante, au premier abord un contraste total envers ses autres tableaux. Contraste ? « Pas du tout » sourit-dit-elle. En fin de compte c’est la même chose. On crée le tableau en remplissant des espaces. La différence c’est la forme, ce sont les couleurs. L’un exprime la puissance, l’autre la douceur.

Pourquoi a-t-on aimé se promener dans cette galerie éphémère qu’est la salle de fête multifonctionnelle de Pontorson ?  Normalement on se présente dans une galerie ou dans un musée avec un catalogue dans la main ou simplement en regardant, longtemps souvent, sans vraiment comprendre ce que l’on voit. Pendant les trois jours du GAP à Pontorson on rencontre les artistes. On peut parler avec elles et eux. On peut se faire plaisir. Et tout ceci dans un environnement de détente. On remarquait qu’il y avait une entrée continuelle dans la salle, jamais beaucoup de monde à la fois, des visiteurs parfois hésitants ensuite contents en quittant la salle parce qu’on avait eu la chance de se faire expliquer les beaux arts. « C’est peut-être cela qui fait l’importance de cette exposition », dit Sabine Paszinski. « Nous sommes abordables, nous leur enlevons une certaine peur des beaux arts parce que nous racontons comment nous faisons. »

Le GAP, de cette façon, est devenu une référence rayonnant dans les milieux d’art largement au dessus des limites de la ville de Pontorson.

L’image titre de cet article est une oeuvre de l’artiste Cathérine Gautier, l’invité comme “guest star” au GAP 2023. On peut l’interprêter comme un moustique, mais c’est en vérité le takelage d’un voilier.

L’exposition GAP 2023 à Pontorson dans la salle des fêtes (annexe de la mairie, place de la mairie) ferme ses portes le 1er mai 2023 à 17 heures.       

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One thought on “Images d’une exposition

  1. Je remercie Mr Wyrwich pour son intérêt, sa curiosité pour chacun des exposants sur la plateforme d’exposition du GAP- Groupement Artistique Pontorsonnais
    Moments d’échanges, de partages, de conversations diverses et diversifiées.
    Grâce à cette plateforme, le temps d’un week-end, les regards de nos cultures plurielles se sont rencontrés
    Merci Mr Wyrwich de nous avoir consacré de votre temps et de votre professionnalisme pour tous nous mettre dans la lumière le temps d’un concert symphonique de couleurs et de matières avec de surprenantes découvertes

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