Erwan Luhern a 33 ans et est artiste amateur. Il a exposé ses œuvres pendant une semaine dans l’exposition d’été de la salle des fêtes à côté de la mairie de Pontorson. Erwan expose six tableaux, mais quels tableaux !
Erwan Lohern ne travaille pas avec peinture et pinceaux. Son outil est un crayon Städtler « architecte ». Il dessine son tableau. Pas en couleur couleur, mais en noir et blanc. Il met « en moyenne 300 heures » pour créer un tableau, dit-il. Il y a un spécialiste dans la salle, Gérard Jolif, le dessinateur pontorsonnais qui travaille de la même façon, et qui estime qu’on peut même mettre mille heures dans un tableau au crayon.
Le jeune homme est horloger de formation, « un accident de parcours » sourit-il. Aujourd’hui le breton est agent de collecte en entreprise à la poste française. Ses motifs font allusion à la peinture apocalyptique du 12ème ou 13ème siècle. L’horloger guide le spectateur parfois par des chemins en forme de croix ou par un chemin, ou des escaliers dans la profondeur des toiles. Le spectateur est accompagné par des squelettes, par des figures nues, par des oiseaux bizarres. Tout ceci rend absolument curieux de rentrer dans ces tableaux. Les visiteurs restent devant ces œuvres, discutent, suivent avec les doigts. Erwan Luhern est sur le chemin du célèbre calligraphe allemand Martin Andersch. Ses œuvres sont d’ailleurs les seules sous verre pour être protégées.
Il avoue se mettre mentalement au Moyen Age. « Je mets les choses l’une à côté de l’autre qui sont quand même des symboles. Vous savez, nous croyons toujours à quelque chose. Et au Moyen Age on ne comprenait pas beaucoup de choses. Il y avait toujours une confusion entre le réel et le symbole. Donc : on avait principalement peur. C’est pour cela qu’on utilisait tellement de symboles. Aujourd’hui nous semblons tout comprendre. Mais avons-nous moins peur ? »
Le jeune breton est doux et réservé, toujours avec un petit sourire comme s’il voulait s‘excuser pour ses pensées et pour ses tableaux qui évoquent pourtant continuellement l’intérêt des visiteurs. Erwan Luhern n’a pas envie de se séparer de ses œuvres. « Je ne les vendrai pas. Ce seront uniquement des impressions ». L’exposition de la Passerelle à Pontorson était la troisième pour Erwan Luhern. C’est seulement le début pour lui comme calligraphiste remarqué.