L’été de l’art

Si l’art est l’expression des émotions humaines, on est bien servi pendant ce mois d’août à la salle des fêtes de la mairie de Pontorson. La salle, bien éclairée par ses grandes fenêtres, est un lieu idéal pour des présentations d‘art.

Jusqu’au 20 août il y a une multitude d’artistes qui présenteront leurs œuvres pendant quelques jours avant d’être relayés par d’autres. C’est une nouvelle conception d’exposition que l’association « La passerelle d’art » a développé. Cette association a déjà une longue histoire. Elle a ses fondements dans l’association laïque de Pontorson.

Claude Fontaine et son cheval, sculptur qu’il a créé en 2011 (c) wy.

Les artistes qui en faisaient partie ont quitté l’association un jour et ont formé leur propre groupe, les artistes « d’Orson ». Cela n’a pas duré longtemps. Avec une autre idée de présenter l’art, les artistes « d’Orson » sont devenus l’»association de la « passerelle d’art ».

L’ouverture à la passerelle leur a permis d’agrandir l’exposition et de dépasser les limites de Pontorson. Actuellement on y trouve des artistes de Sartilly aussi bien que de Pleine-Fougères ou de Villedieu-les-Poêles. On y trouve une multitude « d’expressions humaines » et cela vaut la peine d’entrer dans la salle et de se promener dans l’exposition, même de s’entretenir même avec l’un ou l’autre artiste qui est sur place. On leur ferait tord si on se promenait avec ce regard furtif touristique qu’on a d’habitude dans ces expositions d’été.

L’inforama présente ici deux artistes de cette exposition et va en présenter d’autres jusqu’à la fin de cette événement.

Claude Fontaine a 76 ans. Lorsqu’il est allé en retraite, il a découvert l’art plastique. Mais avant il avait déjà une vie bien remplie. En tant qu’enfant il avait rêvé de travailler un jour dans l’aviation. Il avait créé de petits avions à hélice qu’on faisait voler par un élastique pendant quelque trois ou quatre mètres. Pour réaliser son rêve il quitte la ferme parentale d’élevage de chevaux pour travailler dans l’aviation et passe de longues années chez Dassault. Pour sa retraite il est retourné vivre avec sa femme à Sartilly.

Il découvre l’art plastique après sa retraite. C’est un cours de modelage de terre cuite qu’il prend d’abord pour se familiariser avec certaines techniques. Dans les sculptures il commence  d’abord avec des chevaux, l’animal qu’il connait bien de sa jeunesse. Et c’est comme cela qu’on voit un cheval en bois un plein galop en bois dans l’exposition. Le bois par contre ce n’est la matière qu’il préfère, c’est plutôt la stéatite. *  

La danseuse que Claude Fontaine a fait sur une suggestion de sa femme (c) wy.

Claude Fontaine a un don pour la forme élégante. Ce sont des danseuses qui captent le regard. Et il a du courage. « Le baiser » qu’il expose est un sujet très célèbre. « Le Baiser » de Klimt figure parmi les tableaux les plus célèbres de l’artiste autrichien. En  sculpture c’est Rodin le maitre du sujet. Claude Fontaine sourit : « Je n’ai pas la prétention de me mettre à la hauteur de ces grands maîtres. Mais je voulais quand même essayer ». Il arrive à une fluidité du mouvement avec ses sculptures de danseuses, qu’il a modelées sur le souhait de sa femme ou avec l’œuvre « Eve dans la main des dieux » qui exprime une certaine tendresse.

Comment fait-il pour trouver les formes, l’élégance du mouvement ? « Je regarde, les chevaux dehors, les danseuses à la télé pour comprendre leur mouvement. Et j’essaye de l’imiter dans la sculpture », dit-il sans prétention. Cela semble bien lui réussir. Des galeries des environs de Paris exposent ses créations.

Sigried Mouraud et son bouquet de fleur (c) wy.

Tout au fond de la salle il faudrait passer un moment devant la peinture abstraite de Sigried Mouraud. Elle remplit des espaces avec des mouvements en couleur. C’est une peinture calme, fine et aussi puissante. Il faut bien regarder pour trouver que chaque tableau a un centre d’où part un mouvement. Ensuite on découvre la composition et la structure du tableau. A Pontorson elle expose ses compositions abstraites. A Donjon elle présente deux bateaux fantômes des vikings dans une galerie. Sigried Moureaud exprime ses émotions par ses couleurs. A Pontorson on trouve beaucoup de bleu et un seul clair, beige, optimiste. Cette jeune femme issue d’une famille franco allemande, infirmière en milieu hospitalier de profession, est atteinte de sclérose en plaque. Après un traitement magnétique  – qui d’après elle – est beaucoup utilisé en Allemagne mais peu encore en France, elle vient de quitter sa chaise roulante et recommence à marcher. Sa peinture « est exutoire », dit-elle. Un regard de plus près sur ses compositions vaut la peine. Elle exprime ses états d’âme, se libère de ses craintes, mais exprime aussi ses espoirs avec le bouquet de fleurs qu’elle a composé et qu’elle tient dans ses mains pour la photo. Connaissant son histoire, ses toiles s’expliquent autrement sans être tristes. Sigried Mouraud expose ses toiles encore jusqu’à samedi.

  • La stéatite

La stéatite est une pierre d’origine volcanique, très dense, à fort pouvoir calorifique, que l’on trouve en Finlande. Elle contient du talc, de la magnésite et de la chlorite. On en trouve aussi sdans les Alpes ou elle représente à peu près un pourcent de la masse rocheuse. 

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