Si on croit que le collège est une école où on poursuit l’école primaire on se trompe énormément. Regardons le collège Georges Brassens à Pontorson pour voir ce que le collège est aujourd’hui. Il avait ouvert ses portes le vendredi 15 mars 2024 et permettait un regard derrière les coulisses.
Les âges entre 10 et 16 ans sont vraisemblablement les plus importants dans l’éducation et dans l’éveil de la curiosité. Ce sont aussi vraisemblablement les dernières années pour réveiller et développer des talents chez les jeunes. Dans le système français c’est donc le collège à qui incombe une responsabilité très spéciale pour l’avenir des garçons et des filles qui y sont scolarisés.
Vendredi, 15 mars 2024 : ils et elles sont vraiment petits, tiennent bien les mains de leurs pères et de leurs mères. Le collège Georges Brassens à Pontorson a ouvert ses portes pour se présenter aux futurs élèves, pour montrer aux parents comment cela se passe à l’intérieur des grilles qui l’entourent. Les professeurs sont présents, à l’entrée on a installé un bar avec des gâteaux et des boissons. Mais plus important : les élèves du collège sont présents. Ce sont eux qui font la visite, qui expliquent. Pour les futurs élèves c’est plus important que ce soit eux qui racontent l’école comme eux la vivent tous les jours.
Le bâtiment lui-même n’est pas inconnu. La ville de Pontorson a créé une cité du savoir. L’école maternelle, l’école primaire, le collège et la médiathèque forment une sorte de campus du savoir. Les jeunes restent donc toujours dans le même environnement, même s’ils changent d’école.
Le collège alors : pendant quatre ans ils apprendront l’anglais et choisiront ensuite entre allemand, espagnol ou latin. Et puis d’autres matières comme histoire/géo, sport, mathématiques, français. Dans une brochure que le collège distribue aux parents on présente en plus : informatique, radio web et un journal, jeux de société, théâtre, chorale et tennis de table. Et naturellement du sport. Le campus du savoir profite d’une salle de sport ultramoderne, d’une salle de sport plus vieille qui a besoin d’être rénovée et d’un terrain de sport. Avec la rentrée au mois de septembre les nouveaux venus vont s’en approprier peu à peu et passer dans une nouvelle vie d’élève.
Néanmoins : les professeurs préparent les parents au fait que le collège demande plus que l’école primaire à ses élèves. Dans la brochure que les parents reçoivent on est au plus clair : « Dès la 6ème , l’aide aux devoirs est indispensable : si les obligations personnelles des parents sont souvent très lourdes, 10 à 15 minutes par jour, au moins, doivent être consacrées au suivi de l’enfant. » Donc : le succès de l’enfant à l’école dépend aussi de l’engagement des parents. Le collège ne veut pourtant pas se débarrasser de ses responsabilités. Pour les élèves qui ont des difficultés il existe des cours de mise à niveau si les élèves le souhaitent.
Ne parlons pas des sorties dans le monde culturel ou professionnel ou des hôtes comme cette femme ingénieure qui viennent parler de leur profession. Le collège d’aujourd’hui est une école qui s’ouvre aussi au monde qui l’entoure.
Le collège Georges Brassens compte actuellement 194 élèves entourés de 21 professeurs. La directrice Laure Houstin : « 54 élèves vont nous quitter vers des lycées, par exemple le lycée Littré à Avranches ou des lycées professionnels. Je pense que nous aurons autour de 50 à 60 nouveaux élèves pour l’année scolaire prochaine. »
Le collège propose trois langues comme deuxième choix : allemand, espagnol, latin. Langue dominante est – comme presque partout – l’espagnol. La langue hispanique est considérée comme langue latine et profite d’un marketing intensif dans les écoles primaires. L’allemand par contre est considéré comme « difficile », un préjugé contredit par ceux qui l’apprennent et qui s’aperçoivent que la prononciation est facile, toutes les lettres sont prononcées. On apprend les bases et après ce n’est plus que le vocabulaire. Donc, on ne fait pas de fautes d’orthographe. L’allemand est une langue très structurée, une langue qui forme à la logique – comme le latin qui a été beaucoup abandonné aujourd’hui.
La considération de l’allemand va changer dans les années à venir. Le gouvernement français a constaté que l’apprentissage de l’allemand se perd dramatiquement en France, ce qui nuit à la relation avec le voisin. Au mois de décembre 2023 le ministre de l’éducation nationale de l’époque, Gabriel Attal, avait annoncé vouloir augmenter le nombre d’élèves apprenant l’allemand de 10 % jusqu’en 2026. Attal, depuis premier ministre, avait fait cette annonce devant l’assemblée parlementaire franco-allemande. Le député manchois Gosselin y est membre. L’éducation nationale devrait alors renforcer l’apprentissage de l’allemand. Actuellement le collège Georges Brassens profite de Sonja Quiviger, professeur d’allemand. Les professeurs d’allemand sont devenus rares en France après l’abolition des classes européennes par l’ex-ministre Nadja Vallaud-Belkacem pendant la présidence de François Hollande.
Le collège George Brassens a la chance d’avoir le partenariat avec le lycée Betty Weis à Wassenberg. C’est un lycée qui intègre le collège. Puisque dans le partenariat avec la ville britannique Highworth les Anglais n’ont jamais été intéressés à construire un échange entre élèves, c’est le lycée de Wassenberg qui s’est déclaré prêt à dépanner le collège de Pontorson. Le dimanche 18 mars 2024 ce sont donc sept élèves de la quatrième qui apprennent allemand et 23 élèves de la branche espagnole qui sont partis à Wassenberg, accompagné par les professeures Sonja Quiviger, Marion Prenveille et Sandrine Pouillard. Le but pour les élèves de la branche espagnole : parler anglais pendant les cinq jours qu’ils passent en Allemagne « parce qu’en Allemagne on parle anglais ».
Le collège de Pontorson qui a ainsi ouvert ses portes pour une vue profonde de sa vie écolière, se trouve dans une ville enclavée. Pontorson se trouve au point extrême de la Normandie et du Département de la Manche à la frontière avec la Bretagne. Au cours de son histoire la ville a été bretonne. Le Conseil départemental de la Manche est en train d’examiner la situation des collèges pour réduire les coûts, ce qui veut dire réduire le nombre de collèges dans le Département.
La directrice Laure Houstin et le conseiller départemental André Denot expriment l’espoir que le collège de Pontorson ne sera pas menacé. La directrice : » notre collège vit des jeunes de Pontorson, de Sacey et – plus important – de la ruralité autour. Nous nous trouvons en territoire agricole. » Ceci veut dire qu’en cas de fermeture il n’y aurait aucun collège dans un rayon de 20 kilomètres autour de Pontorson. Il est peu envisageable que les maires de Beauvoir, de Tanis, de Huisnes-sur-mer, de Servon, de Sacey, d’Aucey-la-Plaine et de Pontorson, y inclus les conseillers élus, accepteraient que le conseil départemental crée un « no-man’s-land » éducatif entre Saint-James et Dol-de-Bretagne au moment où le gouvernement met l’accent de l’éducation nationale sur le collège.
La photo en haut de la page a été prise dans le car avant le départ pour Wassenberg.
L’article a éte corrigé dans une deuxième version.