« J’ai la France dans l’âme »

Tout le monde dans la salle Erignac de la préfecture est debout. Devant, une sous-préfète et des collaborateurs chargés de l’intégration. On chante la Marseillaise, l’hymne national français. C’est la fin d’une cérémonie, qui se terminera ensuite avec un verre de jus d’Orange et des petits gâteaux exquis que le chef cuisinier de la préfecture avait préparés.

La secrétaire de la prefecture de la Manche, la sous-prefette Perrine Serre pendant son discours (c) wy

 On est français par naissance et grandit dans la culture française. Mais comment cela se passe-t-il  pour tous ceux qui deviennent français parce que la France leur accorde la nationalité ? Un procédé pas si simple que ça qui se termine par une cérémonie à la préfecture. Fin septembre Inforama a pu assister à une telle cérémonie. Ce jour-là, l’Etat accorde la nationalité française à 70 femmes, hommes, et aussi des enfants.

 Deux heures plus tôt c’est la queue à l’entrée de la préfecture. On n’entre pas comme cela dans la préfecture. L’identité est examinée et si on se trouve bien sur la liste des invités, on a le droit de monter trois étages à pied. Marie, la chef du service de l’intégration, y accueille les futurs nouveaux français, les accompagne à la salle Erignac et les place. Tout ceci avec respect et courtoisie. Lorsque tout le monde est arrivé, Perrine Serre vient, la secrétaire générale de la préfecture, en uniforme officiel. Elle est rayonnante. « C’est le meilleur moment de ma vie professionnelle», sourit-elle. « J’adore !».

Félicitation; Perrine Serre donne le document avec l’accord de la nationalité francaise à Katherine Almonte Leonardo; (c) wy.

La préfecture sort le grand jeu ce soir pour faire comprendre ce que cela veut dire. Elle présente un film avec un aperçu sur l’histoire du pays, sur sa culture, mais aussi sur la 5ème  République, dans laquelle ils vont vivre en tant que citoyen français. Une grande partie s’occupe des principes de la République « liberté, égalité et fraternité ». En regardant on fait une promenade en image à travers les fondements de la 5ème République. On y trouve une séquence mythique. Le moment symbolique après la deuxième guerrre mondiale, où le général Charles de Gaulle, fondateur de la 5ème République, descend les Champs Elysées.     

C’est un protocole bien rodé. La place pour les journalistes et les photographes est déterminée. On ne se promène pas tout simplement dans la salle pour des motifs de photo. Et à la fin on fait la grande photo de famille. Cela a un sens. Perrine Serre fait comprendre à ce beau monde, venant de tous les coins du monde, qu’ils font désormais partie de la grande famille française.

Tout le monde est debout on chante la Marseillaise (c) wy;

Perrine Serre raconte la France, sa culture, son histoire, ses principes de vivre ensemble et ce que cela veut dire. Elle met quelques principes en avant, parle de la liberté de penser, de s’exprimer de participer à cette vie. « La France », dit-elle, « est un pays laïc, démocratique et social. » Elle y met l’accent vu que beaucoup des nouveaux français viennent de pays où ces droits n’existent pas. Elle souligne plusieurs fois que les 70 font désormais partie de cette communauté des français, sans aucune différence et sans considération d’où ils viennent : l’Afghanistan, l’Algérie, l’Arménie, la Belgique, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, El Salvador, Haîti, l’Italie, Madagascar, le Mali, le Maroc, la Maurétanie, le Mexique, les Philippines, la Pologne, la Pépublique démocratique du Congo,  de la République dominicaine, la Roumanie, la Russie, le Royaume-Uni, le Sénégal, la Sierra Léone, la Syrie, le Togo, la Tunisie, le Venezuela. Vu le nombre de nouveaux français avec une souche extra-européenne, avec de différentes cultures, la sous-préfete met l’accent sur la culture française et présente la France comme une grande communauté avec les mêmes valeurs. Elle parle de la  séparation entre l’Etat et les religions. Elle accentue : « Il n y a pas de religion d’Etat. Chacun a le droit de pratiquer sa religion ». A chaque sujet on projette des photos sur un écran géant. A ce sujet on voit des représentants de différentes religions.

Le président Mitterand et le chancelier Helmut Kohl en septembre 1984 devant Ossouaire de Verdun. Le président Mitterand disait à cette occasion: “La France est notre patrie, l’Europe est notre avenir.” (c) Union Européenne

Autre sujet auquel elle met un accent, c’est l’Europe. Il y a deux drapeaux dans salle, collés l’un contre l’autre, le drapeau français et le drapeau européen. Perrine Serre explique que la France est pays fondateur de l’Union Européenne. « Avec la nationalité française vous acquérez en même temps la citoyenneté européenne », explique-t-elle. « Vous êtes alors ambassadeur de la paix. » Ce qui veut dire que les nouveaux français vivent dans une communauté qui n’a plus connu la guerre depuis 1945. Ce qui veut veut dire aussi qu’en tant que Français il n’auront plus  besoin de Visa pour passer un weekend à Berlin, Prague, Varsovie, Vienne ou Florence. Là-aussi on projette une photo symbolique, la photo du président Mitterrand avec le  chancelier allemand devant l’ossuaire de Douaumont à Verdun.

Elle conclut : « Soyez fier ! Etre français est une chance. » Mais elle avertit en même temps : « Vous aurez tous un effort à fournir. Ce ne sera pas toujours facile. »

A l a fin du discours chacune et chacun des nouveaux citoyens français reçoit des documents de citoyenneté de ses mains avec chaque fois un mot personnel. Une petite surprise les attend quand même : à chaque fois c’est aussi le maire de la commune qui est présent pour les saluer même s’ils vivent déjà un certain moment dans la ville.

Mary Holman. Avec la nationalité française elle se sent en sécurité (c) wy.

Mais pourquoi veulent-ils devenir français ?

Mary Holman est native de Oxfordshire en Angleterre, mais elle vit depuis 21 ans dans la Manche.  C’est le Brexit qui l’a convaincue qu’il faut devenir française. « Au fond je n’étais pas concernée par les règlement entre l’Union Européenne et la Grande Bretagne parce que je vivais déjà longtemps en France. Mais je me sens plus en sécurité avec la nationalité française. Elle commençait alors un parcours de combattant. Il fallait prouver ses connaissances de langue  par une dictée, ensuite un entretien et raconter quel a été le parcours de vie après l’école et à la fin le test culturel. « C’était difficile, mai cela valait la peine », dit-elle. En plus le parcours était long interrompu par le Covid. Son voisin dans la salle, Anglais aussi, qui possède également une maison en centre Manche, conclut en une seule phrase : « Je me sens en sécurité maintenant ».

Le parcours de Katherine Almonte Leonardo est différent. L’ingénieure est venu pour les études en France, en Bretagne, à Rennes,  y a trouvé l’amour de sa vie, s’est mariée avec un Français et se présente avec sa fille de 2 mois Liza-Andrea pour recevoir les papiers de sa nouvelle nationalité. Elle est Espagnole, jouit donc des privilèges européens, n’a pas besoin de demander la nationalité française. Pourquoi alors ? La décision de devenir Française « est simple », dit elle et ajoute : « La France est le pays de mon âme. »

Contente de la nationalité française: La femme du Dr. Nitscheman (c) wy.

Les modes d’acquisition

On distingue trois modes d’acquisition de la nationalité

  • L’acquisition de plein droit en raison de la naissance et de la résidence en France ;
  • L’acquisition par déclaration qui concerne pour l’essentiel l’acquisition en raison du mariage avc un Français et l’acquisition anticipée pour les mineurs étrangers nés et résidant en France ;
  • L’acquisition par décret par décision de l’autorité  publique

La naturalisation par acquisition de plein droit

Les personnes nées en France depuis le 1er sptembre 1980 qui y résident au jour de leur majoritéet qui justifient y avoir résidé habituellement pendant cinq ans entre l’âge de 11 ans et l’âge de 18 ans, acquièrent de plein droit la nationalité française, à leur majorité, s’ils ne la déclinent pas.

La salle Erignac

Claude Érignac est le premier préfet assassiné en France et le premier haut fonctionnaire de l’État assassiné en Corse dans l’exercice de ses fonction.

Le vendredi 6 février 1998, Claude Érignacpréfet de Corse et de Corse-du-Sud depuis le 5 février 1996, dépose sa femme Dominique devant le théâtre du Kallisté, rue du Colonel-Colonna-d’Ornano (place Claude-Érignac depuis le 6 février 2018), au cœur de la ville d’Ajaccio (Corse-du-Sud) où ils doivent assister à un concert de musique classique.

Puis, il gare sa voiture et rejoint le théâtre à pied, « croise sans le savoir Alain Ferrandi, le chef du commando, puis passe à la hauteur de Pierre Alessandri, un autre nationaliste chargé de couvrir le tueur en cas de problème ».

Yvan Colonna l’abat dans le dos à 21 h 15. Le préfet est atteint par trois balles de calibre 9 mm, une dans la nuque à bout portant et deux dans la tête pour l’achever alors qu’il est à terre. Avant de prendre la fuite, le tireur prend le temps de sortir le chargeur de son arme et de déposer son pistolet à côté du corps. Dans les préfectures en France on honore le préfet assassiné par la signalisation d’une salle.

D’après une information inter-ministerielle de la fin de l’année 2022 le corps préfectoral de la France comprend actuellement 124 préfets en fonction et 479 sous-préfets.

Ce texte est un extrait de wikipédia sur Claude Erignac

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