Aller au Mont coûte 39.3 % plus cher

Il y a beaucoup de points qui sont discutables dans l’organisation des visites du Mont Saint-Michel. Mais il y en a un qui émeut toujours spécialement : les parkings. La discussion pourrait recommencer. Depuis le début de l’année 2023, le prix de l’abonnement pour les parkings a augmenté de 39.3 %, passant de 26,20 à 36,50 Euros ! Mauvaise surprise pour ceux qui le renouvellent actuellement.

Pourquoi cette augmentation? On ne le sait pas. L’Etablissement public du Mont Saint-Michel ne répond pas. Aucune réaction sur un mail. Aucune réaction sur des questions laissées sur le répondeur du portable de la directrice de communication.

Parking No.5 le Dimanche soir 02 juillet à 18.40 h (c) wy.

Et si on s’approchait autrement de ce problème? Il faut d’abord savoir que le Mont Saint-Michel semble être un gouffre de frais. Lorsque la fraîchement créée entreprise publique du Mont Saint-Michel prenait le Mont en main, toute la communauté autour du Mont jubilait. Plus de Transdev qui avait géré les affaires et qui coûtait cher avec des tarifs de parking qui fâchaient tout le monde. Et ensuite la douche froide : pour se débarrasser de Transdev il faut payer 12 millions Euros. L’épic, sans avoir gagné un seul sou, se trouve déjà avec des dettes énormes.

Transdev est un prestataire contesté par sa politique tarifaire, mais agréable. Il s’occupe de tout. . . et se mêle de tout. Rien ne va sans Transdev. Avec Kéolis tout change. Kéolis transporte, l’épic s’occupe du reste, par exemple de l’espace vert. Alors: on se libère de Transdev. On aura des recettes de parking, mais on doit en payer 26 millions Euros en cinq ans à Keolis pour les prestations de transport. On en paye aussi tout le reste, par exemple la maintenance de l’environnement. Au fond un mauvais contrat. Les charges de la maintenance des espaces verts mangent une partie des recettes. Comprenons bien : les recettes, ce sont – à côté des subventions du gouvernement – majoritairement les parkings.

Puisque l’épic ne publie jamais rien, on ne sait pas s’il y a d’autres recettes. Le dernier budget connu par Inforama s’élève à 5,2 millions Euros. On y voit arriver des subventions de 3,2 millions Euros du gouvernement et d’autres subventions du public. Un budget qui est constitué d’argent public, donc de l’argent des contribuables.

 L’épic se trouve probablement dans une situation spéciale de ses finances. L’entreprise doit payer les intérêts et rembourser le capital du crédit des 12 millions. L’entreprise doit payer autour de cinq millions Euros par an à son prestataire de transport Keolis. L’entreprise a pris en charge la maintenance de tout son territoire. L’entreprise a des frais récurrents comme les frais du personnel, les frais pour d’autres prestataires comme les agriculteurs de Huisnes-sur-mer par exemple pour l’entretien du terrain. Les subventions de l’Etat en hauteur de 3,2 millions d’Euros vont s’arrêter d’ici deux ans, d’après les informations d’inforama. Les recettes des parkings sont inconnues. L’epic ne les communique pas. La demande de se faire expliquer le budget et d’en parler avec le trésorier de l’epic est resté sans réponse. Le souhait du directeur Thomas Velter de trouver des mécènes est compréhensible.

Le tableau des prix des parking du Mont Saint-Michel, valable au mois de juillet 2023

  La responsabilité pour les tarifs actuels des parkings incombe à l’épic. Après Transdev, la structure de l’administration de la Baie  a profondément changé. Les tarifs des parkings sont des tarifs politiques, un résultat des critiques perdurantes pendant des années. Les prix adaptés d’après les saisons sont logiques mais une augmentation de 39,3 % pour des abonnements . . . ? Le prix de 36,50 Euro est élevé comme les autres. En comparaison avec des prix de parkings d’autres monuments en France, les prix des parkings du Mont Saint-Michel assez importants en haute saison. Le parking du château de Chambord coûte cinq Euros par jour. A Chenonceau on ne paye rien. Au Mont on demande 25 Euros.   

A Versailles on paye 14.40 Euros pour trois heures et 24 Euros pour six heures. Au Mont on paye 21 Euros aussi bien pour trois heures que pour six heures. Ceci veut dire qu’un visiteur de trois ou quatre heures au monument paye le parking extrêmement cher.

L’abonnement au Mont Saint-Michel n’est pas comparable avec Vaulx en Velin, ou Fontainebleau ou Versailles, puisqu’il s’agit de parkings avec des tarifs résidentiels en ville pour chacun des châteaux.

Et puisque l’épic ne répond pas, on ne sait pas combien d’abonnements ont été vendus cette année ni combien d’abonnements vont arriver à échéance cette année. On ne sait pas non plus avec quel volume de recettes l’entreprise publique calcule et quel pourcentage revient aux abonnements. L‘épic est muet sur le sujet. Pour une entreprise publique qui dépend de l’argent public – c’est-à-dire des impôts – un tel silence est étonnant.

C’est le rapport des offices de tourisme pour 2022 qui donne une petite idée. Une majorité de 75 % à 79 % des visiteurs du monument vient de France. « Ils viennent principalement de la Manche », dit le rapport pour spécifier : « 29 % sont des locaux », donc venant du giron des offices de tourisme de l’agglomération du Mont Saint-Michel. Ce serait alors cette population qui pourrait payer par cette augmentation de 39,3%  la perte subie par la gratuité du soir, concession faite pour « les locaux » lors de la construction de la nouvelle grille des tarifs.

Restent deux questions principales:

  • Pourquoi une augmentation d’un tel montant ?
  • Pourquoi les 31 élus dans le conseil d’administration l’ont-ils voté ?

Il n’ y a pas de réponses.

Est-ce que cela vaut la peine d’acheter un nouvel abonnement malgré l’augmentation drastique du prix ?

Nous comparons les prix pour la tranche de trois heures à six heures. En général on achète un abonnement parce qu’on va plus souvent au monument. On règle des affaires, on visite une exposition, on va peut-être déjeuner avec un ami. Mais on ne l’achète pas parce qu’on veut passer toute une journée au Mont Saint-Michel. Dans la basse saison l’abonnement se rentabilise avec la cinquième visite, en moyenne saison avec la troisième visite, en haute saison avec la deuxième visite.

C’est la nature qui prévaut. Il faut maintenir le paysage pour permettre le développement et le maintien d’une biodiversité. Derrière se trouvent entre autres les parkings 10/11/12. (c) wy.

 Celui qui va régulièrement au Mont Saint Michel aura besoin d’un abonnement indépendamment de la saison et indépendamment du prix. Et c’est cela peut-être le chantage de l’épic : quand on a souvent à faire au Mont Saint-Michel, il faut avoir un abonnement. Sinon on s’appauvrit avec les tarifs des parkings.

D’ailleurs : Les abonnements en vigueur restent en vigueur, explique-t-on au guichet du centre d’information au terminus des navettes. Si on veut le renouveler, une fois arrivé à l’échéance, cela coûte 39,3 % plus cher. . .pour le même service. C’est-à-dire on doit faire la queue pour la navette comme les autres touristes et perdre du temps.  

Celui qui a acheté son abonnement au mois de décembre 2022 peut être heureux. Il peut utiliser les parkings pendant toute l’année 2023 à l’ancien prix. Il devrait subir l’augmentation comme « cadeau de Noël » de la part de l’épic s’il renouvelle son abonnement au mois de décembre 2023.  

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2 thoughts on “Aller au Mont coûte 39.3 % plus cher

  1. Il serait intéressant de savoir si et dans quelle dimension le taux de visiteurs qui utilisent le parking baisse.
    S’agit-il peut-être d’une initiative secrète pour faire marcher les gens afin de les rendre plus sportifs?

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